Au pays du foie gras et de la tauromachie, on pourrait s’attendre à ce que les questions relatives aux droits des animaux ne soient pas à l’ordre du jour. Mais Hélène Thouy espère changer cela en se présentant à l’élection présidentielle française avec le Parti des animaux. Nous lui avons parlé de sa campagne et des objectifs de son parti.

Il est peu probable que leParti Animaliste obtienne les clés de l’Elysée après le vote présidentiel de 2022, mais sa candidate, Hélène Thouy, insiste sur le fait que ce n’est pas la question.

“Notre objectif est de faire de la question du bien-être animal un thème majeur de la prochaine présidence”, a-t-elle expliqué, après deux longs jours passés au Congrès national des maires, à demander le soutien des délégués. “En gagnant des voix, nous montrerons au prochain président à quel point la population souhaite des mesures ambitieuses pour les animaux.”

Thouy est le tout premier candidat du parti à la présidence. Le parti a remporté des dizaines de sièges aux élections municipales françaises en 2020, après avoir obtenu 2,17 % des voix aux élections parlementaires européennes l’année précédente. Un seul sondage récent a placé Thouy au-dessus de l’ancien ministre du gouvernement, Arnaud Montebourg, et juste derrière le Parti communiste français.

Si elle est élue, Mme Thouy adoptera des sanctions plus sévères à l’encontre des personnes qui maltraitent les animaux et créera un ministère spécial pour les animaux. Mais la principale promesse de son parti est de mettre fin à l’élevage intensif, en particulier du bétail. Ceci, dit-elle, est important pour les humains comme pour les animaux.

“L’agriculture intensive est très mauvaise pour la santé de la population en général. Elle pollue l’environnement et les rivières, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques. Nous devons réduire de moitié la consommation de produits animaux et passer à un autre modèle agricole.”

L’avocat de 37 ans s’est fortement impliqué dans l’activisme animalier lorsqu’il était étudiant et a servi d’avocat pour le groupe français de défense des animaux L.264, dont le modus operandi est d’infiltrer les abattoirs pour dénoncer les abus, dans un certain nombre d’affaires juridiques très médiatisées.

Thouy a cofondé le Parti Animaliste en 2016, exaspéré par le manque d’action des partis traditionnels.

“Nous avons vu que la loi était incapable de défendre les animaux et que les partis étaient complètement fermés à l’idée de faire quoi que ce soit à ce sujet”, a-t-elle déclaré.

La loi sur le bien-être des animaux nouvellement adoptée démontre que laParti animalistea déjà une influence. Un communiqué de presse publié par le Sénat a reconnu le rôle de la “pression exercée par les mouvements extrêmes en faveur des animaux” dans la mise sur la table du projet de loi.

“La loi adoptée aujourd’hui est le résultat de notre succès aux élections européennes. Les politiciens commencent à adopter des positions en faveur des animaux pour des raisons électorales”, a déclaré Mme Thouy, qui a mené de front la campagne électorale et ses fonctions d’avocate.

Depuis les gains réalisés par le parti lors des élections municipales de l’année dernière, on a assisté à une explosion du nombre de conseillers pour les droits des animaux travaillant comme conseillers auprès des conseils municipaux.

Divers sondages suggèrent que les droits des animaux sont une cause chère au cœur des Français. Un sondage IFOP de 2021 a révélé que 75 % des Français soutiendraient une interdiction de la corrida ; 89 % des personnes interrogées en 2019 ont déclaré que les droits des animaux étaient importants ; tandis qu’un sondage YouGov de 2016 a suggéré que 87 % étaient opposés à l’élevage intensif.

En annonçant sa candidature en juillet dernier, Thouy a déclaré : “Être français, c’est être audacieux. Croyez-moi, il faut être audacieux pour lancer un parti politique qui se bat pour des êtres qui ne pourront jamais voter pour lui.”