Plus de deux douzaines de migrants mineurs non accompagnés secourus par le navire humanitaire Ocean Viking et recueillis par la France ont disparu de leur centre d’accueil, selon les autorités locales.

Le conseil municipal du sud du Var a déclaré que le procureur de la République avait été informé que 26 des 44 jeunes mineurs du centre avaient fugué.

“Trois des 44 mineurs avaient déjà fugué… après avoir été pris en charge”, a déclaré le président du département Jean-Louis Masson au journal Le Figaro. Jeudi matin, 23 autres mineurs étaient portés disparus”, a-t-il ajouté.

“C’était prévisible pour nous”, a déclaré à l’AFP Christophe Paquette, directeur général adjoint chargé de la solidarité au conseil départemental du Var.

Il a expliqué que la plupart des 26 mineurs étaient des Erythréens qui “ne restent jamais” car “ils ont des objectifs précis dans les pays d’Europe du Nord” comme les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse ou l’Allemagne, où ils veulent rejoindre leur famille ou des proches.

Les jeunes migrants n’avaient pas été maintenus dans une zone d’attente fermée, contrairement aux 190 adultes qui ont également accosté dans le port de Toulon, dans le sud de la France, il y a une semaine, après deux semaines d’errance en Méditerranée à bord de l’Ocean Viking, le navire de sauvetage affrété par l’organisation humanitaire européenne SOS Méditerranée.

“Notre mission est de les protéger et non de les retenir”, a ajouté Christophe Paquette, soulignant que le service avait “signalé leur départ” après avoir “essayé de les dissuader”.

Les mineurs qui ont fugué “ont eu un comportement exemplaire, ils sont partis en nous remerciant”, a-t-il insisté.

“Le phénomène de fugue des mineurs isolés est fréquent, pour de nombreuses raisons, des liens familiaux dans un autre pays européen par exemple”, a déclaré à la presse le procureur de la République de Toulon, Samuel Finielz.

“La mise à l’abri est une phase de la protection de l’enfance qui ne peut être considérée comme un enfermement”, a-t-il ajouté.

Le mois dernier, le navire de sauvetage caritatif Ocean Viking a sauvé 234 migrants, dont 57 enfants, alors qu’ils tentaient de rejoindre Catane en Sicile après avoir traversé la Méditerranée depuis l’Afrique du Nord.

Mais l’Italie a refusé d’autoriser le navire à accoster pendant trois semaines, obligeant le navire à naviguer vers la France.

Le gouvernement français a qualifié l’Italie d'”irresponsable” et d'”inhumaine” pour ne pas avoir aidé le navire, accusant le gouvernement italien de droite d'”abus de confiance”.

Paris a répondu en déclarant qu’elle refuserait d’accueillir 3 500 demandeurs d’asile en provenance d’Italie dans le cadre d’un plan européen de “solidarité” pour le partage des migrants.

Le Premier ministre italien Giorgia Meloni — qui a été élu en promettant d’arrêter le flux de migrants entre l’Afrique et l’Italie — a répondu en décrivant la réaction de Paris comme “incompréhensible et injustifiée”.

La dispute n’a semblé se calmer que lundi, après des entretiens entre les présidents italien et français Sergio Mattarella et Emmanuel Macron.

L’Italie a connu une forte augmentation des débarquements de migrants cette année. Mais au cours des deux dernières années, elle a admis moins de réfugiés en pourcentage de sa population et a traité moins de demandes d’asile.

Les ministres de l’intérieur de l’UE se réuniront le 25 novembre à Bruxelles pour discuter de la politique migratoire après la crise franco-italienne, a déclaré jeudi la présidence tchèque du Conseil de l’UE.