Une centrale nucléaire dans l'est de la France

Le président français Emmanuel Macron veut construire de nouvelles centrales nucléaires. (Photo de JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Le président français Emmanuel Macron devrait apporter son soutien à un programme massif de centrales nucléaires jeudi, malgré les inquiétudes concernant le coût et la complexité de la construction de nouveaux réacteurs.

Le chef de l’Etat se rendra sur un site clé de fabrication de turbines dans l’est de la France lors d’une visite préélectorale consacrée à la politique énergétique et à l’avenir de l’industrie atomique du pays, qui fournit environ 70 % de l’électricité française.

L’énergie nucléaire à faible coût est un pilier de l’économie française depuis les années 1970, mais les récentes tentatives de construction de réacteurs de nouvelle génération pour remplacer les anciens modèles se sont enlisées dans des dépassements de coûts et des retards.

Macron est prêt à annoncer la construction d’au moins six nouveaux réacteurs par le géant public de l’énergie EDF d’ici 2050, avec une option pour huit autres, a déclaré à l’AFP une source proche du président sous couvert d’anonymat.

“Il (le nucléaire) est écologique, il nous permet de produire une électricité décarbonée, il contribue à nous donner une indépendance énergétique, et il produit une électricité très compétitive”, a déclaré mercredi à la presse un autre proche du président.

Ce que le chef de l’Etat de 44 ans annoncera dépendra toutefois du résultat des élections présidentielles d’avril, ses rivaux étant susceptibles de revoir et de modifier ses propositions s’ils le battent.

La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont juré de continuer à investir dans cette industrie, à l’exception du candidat de la gauche dure Jean-Luc Mélenchon et du candidat des Verts Yannick Jadot qui s’y opposent pour des raisons environnementales.

Séparation franco-allemande

Le gouvernement français a exercé une forte pression – et avec succès – pour que la Commission européenne qualifie l’énergie nucléaire de “verte” ce mois-ci, dans le cadre d’un examen historique de la situation énergétique, ce qui signifie qu’elle peut attirer des financements en tant que source d’énergie respectueuse du climat.

Macron a toujours soutenu que l’énergie nucléaire est nécessaire pour aider les économies avancées à faire la transition vers un avenir à faible émission de carbone, les ministres citant fréquemment la politique allemande comme exemple de ce qui peut arriver si elle est abandonnée.

L’Allemagne a décidé de sortir progressivement de l’industrie nucléaire d’ici la fin de 2022 après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, mais la décision a été critiquée pour avoir augmenté la dépendance de Berlin au gaz émetteur de carbone et avoir augmenté les prix de l’électricité.

Les nouveaux programmes français interviennent alors qu’EDF, lourdement endettée, rencontre des difficultés pour construire ses réacteurs EPR de dernière génération dans le cadre de projets distincts en France, en Grande-Bretagne et en Finlande.

Son projet français phare, à Flamanville dans le nord de la France, devrait coûter environ quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d’euros (3,8 milliards de dollars) et ne sera pas chargé en combustible avant l’année prochaine au plus tôt, soit 11 ans plus tard que prévu.

Les dépassements de Flamanville ont été dénoncés comme “un fiasco aux frais du public français” par Jadot.

Turnbines

Macron doit exposer sa vision “de notre futur mix énergétique, pour le nucléaire mais aussi les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique”, selon le collaborateur.

Il s’exprimera à Belfort, où se trouve un site de production clé qui fabrique les turbines qui seront utilisées dans les futures centrales électriques.

Le site a été vendu par le géant industriel français Alstom à son rival américain General Electric en 2015, dans le cadre d’une opération largement critiquée, associée à Macron qui était ministre de l’économie du gouvernement socialiste à l’époque.

La cession a entraîné plus d’un millier de suppressions d’emplois et des craintes quant à la perte d’une industrie stratégique au profit d’un investisseur étranger.

Sous la pression du gouvernement français, EDF a annoncé jeudi qu’elle avait conclu un accord pour racheter l’unité pour un coût de 200 millions de dollars – 175 millions d’euros.