Le président français Emmanuel Macron a condamné la répression policière meurtrière de 1961 contre une manifestation algérienne à Paris comme un crime “inexcusable” mais, comme prévu, il n’a pas présenté d’excuses officielles.

Dimanche, cela fait 60 ans que la police parisienne a tué des dizaines de personnes et en a blessé d’autres dans une tragédie qui avait été couverte par les autorités.

Le nombre exact de victimes est inconnu, mais certains craignent qu’il ne s’agisse de centaines.

“La répression a été brutale, violente, sanglante. Près de 12 000 Algériens ont été arrêtés… Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines ont été tués, leurs corps jetés dans la Seine”, a déclaré l’Elysée dans un communiqué.

Macron est seulement le deuxième président français à reconnaître l’événement, mais ses remarques ont été publiées dans un communiqué plutôt qu’en public. Il n’a pas non plus présenté d’excuses officielles.

Plus de 25 000 personnes avaient participé à la manifestation de 1961 contre un couvre-feu pour les Algériens, organisée par l’aile française du Front de libération nationale algérien.

Dans une première pour un président français, Macron a commémoré la tragédie sur les berges de la Seine où des corps avaient été retrouvés.

Il a déclaré que les “crimes commis cette nuit-là” sous la direction du chef de la police de Paris Maurice Papon étaient “inexcusables”, selon le communiqué de l’Élysée.

Le président français a respecté une minute de silence aux côtés des familles touchées par la tragédie et de ceux qui ont œuvré pour que la vérité soit reconnue, ajoute le gouvernement.

“(Macron) va plus loin que Hollande dans la précision des faits mais sans nommer le colonialisme”, a déclaré Dominique Sopo, le président de SOS Racisme, une organisation qui lutte contre le racisme.

Sopo a ajouté que le “crime est réduit à la responsabilité de Maurice Papon… il y a bien eu un chef de gouvernement et un chef d’État qui ont décidé qui était le préfet de police.”

Papon est resté à son poste jusqu’en 1967 et a ensuite servi dans le gouvernement jusqu’à ce qu’il soit révélé qu’il avait aidé à la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.