Le changement climatique, la transformation numérique et la sécurité sont les principaux défis auxquels l’Union européenne est confrontée, a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron, appelant les États membres à s’unir et à adopter des positions communes.

Macron était à Strasbourg mercredi matin pour donner le coup d’envoi de la présidence française du bloc avec un discours aux eurodéputés.

Le dirigeant français a désigné le changement climatique comme le premier défi du continent, louant l’Europe pour être là où le monde s’est réuni en 2015 pour reconnaître l’urgence climatique et pour s’être fixé l’objectif de devenir neutre en carbone d’ici 2050.

“Nous devons passer des paroles aux actes, transformer nos industries, investir dans les nouvelles technologies”, a-t-il déclaré aux législateurs. Il a également exhorté l’Europe à adopter un mécanisme d’ajustement carbone à la frontière, des clauses miroirs dans les accords commerciaux et à mettre en œuvre la première loi au monde interdisant les importations qui ont contribué à la déforestation.

Il a demandé que la protection de l’environnement soit ajoutée à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Il a également proposé d’ajouter le droit à l’avortement dans le texte juridiquement contraignant.

“Le deuxième défi du siècle est la révolution numérique”, a déclaré Macron. Il a appelé le Vieux Continent à “construire un véritable marché unique du numérique” qui permettra la création et la croissance de “champions” européens du numérique.

Il a dit vouloir une Europe “qui sache réguler les acteurs du numérique” et aussi “protéger nos droits, nos libertés, le respect de notre vie privée, et lutter contre les discours de haine et la division”.

“Tension croissante”

“Le troisième défi est, bien sûr, la sécurité”, a déclaré le président français, exhortant l’Europe à “s’armer, non pas par défi aux autres puissances, mais pour assurer son indépendance dans ce monde de violence, pour ne pas être soumise aux choix des autres, pour reprendre le contrôle de ses frontières et de son espace.”

“En matière de défense, nous ne pouvons pas nous contenter de répondre aux crises internationales”, a-t-il également déclaré, soulignant la nécessité pour le bloc d'”anticiper” et de rechercher l’indépendance stratégique.

“Notre Europe est aujourd’hui confrontée à une escalade des tensions, notamment dans notre voisinage, à un bouleversement du monde, à un retour à la tragédie de la guerre”, a-t-il poursuivi.

Il a appelé au dialogue avec la Russie et a souligné que les Européens doivent “faire collectivement leurs propres revendications et se mettre en mesure de les faire respecter”. Il a réitéré la position de l’UE selon laquelle les pays voisins peuvent faire leurs propres choix concernant les alliances et les organismes qu’ils souhaitent rejoindre et a rejeté les soi-disant sphères d’influence.

L’Union européenne et l’Ukraine ont été exclues plus tôt ce mois-ci des pourparlers américano-russes sur la sécurité. Washington a accusé Moscou de se préparer à envahir l’Ukraine après avoir stationné des dizaines de milliers de soldats et de matériel militaire le long de sa frontière.

Moscou le nie mais a exigé des garanties que l’Ukraine ou la Géorgie ne seront jamais autorisées à rejoindre l’OTAN, affirmant que les deux pays faisaient partie de sa sphère d’influence. Kiev, Bruxelles et Washington ont rejeté cette demande.

Macron a également déclaré lors de son discours que la France avait pour objectif de “réformer l’espace Schengen” au cours des six prochains mois afin d’empêcher la migration irrégulière. “Nous devons protéger nos frontières extérieures” avec une “force intergouvernementale d’intervention rapide” et en “construisant des partenariats avec les pays d’origine et de transit pour lutter contre les réseaux de passeurs et rendre efficace notre politique de retour”.

État de droit et nationalisme

Depuis son élection en 2017, qu’il a célébrée au son de l’hymne européen, le président français s’est posé en leader des pro-européens face aux “nationalistes” et aux “populistes”.

Dans son dernier discours, il a une fois de plus souligné que “ni un retour au nationalisme ni la dissolution de nos identités ne seront la réponse à ce nouveau monde”.

Il a également déclaré que “la présidence française sera celle qui promeut les valeurs qui sont les nôtres et qui peuvent être souvent considérées comme quelque chose que nous avons à perpétuité mais que nous sommes en fait en train d’affaiblir”, nommant la démocratie, la solidarité et le respect de l’État de droit. .

La pandémie de COVID-19, a-t-il soutenu, a montré que les sociétés libres et ouvertes ont mieux protégé leurs citoyens et leur économie que les régimes autoritaires.

Il a déploré qu’un affaiblissement de l’Etat de droit soit observé dans “beaucoup de nos pays”.

“Nous allons parler et nous allons défendre le pouvoir de l’État de droit”, a-t-il poursuivi, mais a déclaré que cela doit se faire par le “dialogue” et en rappelant aux gens que l’État de droit n’est pas “une invention faite à Bruxelles », mais le résultat de « l’histoire commune » et des révolutions du continent.

“Président de l’inaction climatique”

Certains députés européens ont été autorisés à répondre au président français, dont Yannick Jadot, qui se présente comme candidat du parti vert à l’élection présidentielle française en avril prochain.

Jadot a déclaré à Macron qu’il “entrera dans l’histoire en tant que président de l’inaction climatique. Vous préférez signer des armistices avec les lobbies plutôt que de faire la guerre au changement climatique”.

Il a également attaqué le leader français des droits de l’homme. « Vous avez dit que l’Europe est un projet de paix, de libertés fondamentales, de droits de l’homme et de démocratie. Alors pourquoi célébriez-vous l’accord avec la Chine il y a un an, alors que le régime chinois perpétuait et continue de perpétuer la répression contre les Ouïghours ?

Manfred Webber, chef du groupe de droite du Parti populaire européen au Parlement européen, a quant à lui dénoncé les attaques de Macron contre les nationalistes et les populistes, l’accusant de créer des divisions au lieu de rechercher des compromis. Il a également offert son soutien à Valérie Pécresse, candidate à l’élection présidentielle française pour le principal parti de droite Les Républicains.

Macron n’a pas encore déclaré sa candidature pour un second mandat et des opposants en France lui ont reproché d’utiliser son bureau pour faire campagne pour sa réélection sans respecter les règles officielles.

Après le débat, Emmanuel Macron déjeunera avec la nouvelle présidente du Parlement, la conservatrice maltaise Roberta Metsola.