Un survivant de l’Holocauste âgé de 89 ans a enfin raconté son histoire, 77 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Léon Placek, qui vit à Paris, a publié un livre intitulé “J’avais 10 ans à Bergen Belsen”, qui retrace son séjour dans le camp de concentration nazi du nord de l’Allemagne.

Ayant survécu à l’un des chapitres les plus horribles de l’histoire de l’humanité, Léon ne voulait pas initialement raconter son histoire. C’est sous la pression de l’un de ses fils qu’il a accepté de raconter ses expériences.

Placek a déclaré à l’AFP : “Il m’a harcelé pendant deux semaines ! J’ai cédé”.

Placek, un expert-comptable qui exerce toujours avec son cabinet Placek & ; Apelbaum, s’est d’abord présenté devant un groupe d’élèves du secondaire pour raconter son histoire.

Puis, avec l’aide du journaliste Philippe Legrand, il a écrit son témoignage. Dans le livre, il raconte son incertitude à parler jusqu’à aujourd’hui : “Nous étions comme des étrangers, revenant d’un monde dont on ne revient généralement pas. J’ai longtemps hésité à rompre ce silence… Ma parole ? A quoi bon ! Est-ce qu’elle portera, cette parole ? Que pourrais-je dire ?”

Témoignages non exprimés

Près de huit décennies peuvent sembler longues à attendre pour raconter une histoire, mais ce n’est pas rare parmi les survivants de l’Holocauste, dont beaucoup voulaient passer à autre chose après la guerre, et ne pas discuter de ce qu’ils avaient vécu.

De plus, comme le souligne le professeur de littérature française Dominique Moncond’huy dans son livre L’espèce humaine et autres écrits des camps, lorsque les gens se sont manifestés, les témoignages ont souvent été traités avec indifférence ou manque de compréhension.

“Rien, sans doute, ne pouvait être plus violent pour les survivants, dans l’inconfort du retour parmi les vivants dont une distance irréductible les séparait, que de constater que leur voix n’était pas entendue”, écrit-il.

Malgré la difficulté inhérente au fait de raconter ces histoires traumatisantes, plusieurs survivants de l’Holocauste ont récemment publié des mémoires, peut-être parce qu’ils sont conscients qu’après 77 ans, leur nombre diminue.

Lili Keller-Rosenberg, une autre survivante de Bergen Belsen, a publié And We Returned Alone l’année dernière à l’âge de 88 ans. Elle dit avoir raconté son histoire pour la première fois à un groupe d’étudiants en 1983, mais n’avoir trouvé le courage de la coucher sur papier que récemment.

“Je ne dors plus”, écrit-elle dans son livre. “Nous ne sommes plus nombreux, les déportés. Dans les Hauts-de-France [the northernmost region of the country], je suis la dernière survivante qui peut encore témoigner. “

Génia Obœuf, rescapée du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, par lequel Keller-Rosenberg est également passée, est décédée à 98 ans avant la publication de ses mémoires dans le courant du mois Génia et Aimé.

Julia Wallach, une survivante d’Auschwitz-Birkenau, a attendu d’avoir 96 ans pour publier son histoire. Son roman, Dieu était en vacances, coécrit avec Pauline Guéna, sortira en novembre prochain.

“Même aujourd’hui, il m’est difficile de raconter mon histoire”, dit-elle. “L’arrivée à Birkenau ! Même aujourd’hui, j’ai encore les cris dans les oreilles.”