Des affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté à Paris vendredi après une fusillade qui a fait trois morts et trois blessés.

Un homme armé a ouvert le feu dans le 10e arrondissement, près du centre culturel kurde et d’un salon de coiffure. L’endroit se trouve à quelques rues de l’endroit où trois Kurdes ont été assassinés il y a dix ans.

Le procureur de Paris a déclaré que le suspect avait récemment été libéré de prison après avoir attaqué des migrants vivant dans des tentes, et que les enquêteurs envisagent un possible motif raciste pour la fusillade.

Des escarmouches ont éclaté dans le quartier quelques heures après la fusillade, alors que des membres de la communauté kurde ont crié des slogans contre le gouvernement turc, et que la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule de plus en plus agitée. Certaines poubelles ont été incendiées.

Les tensions se sont produites alors que le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin parlait aux journalistes à proximité. Darmanin a déclaré que l’agresseur visait clairement les étrangers, mais que la police n’a pas de preuve à ce stade qu’il visait spécifiquement les Kurdes. Darmanin organise une réunion spéciale vendredi soir pour évaluer les menaces visant la communauté kurde en France.

Des membres choqués de la communauté kurde de Paris ont déclaré qu’ils avaient été récemment avertis par la police de menaces visant des cibles kurdes, et ont demandé que justice soit faite après la fusillade.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que les Kurdes français avaient été “la cible d’une attaque odieuse en plein cœur de Paris.”

“Pensées aux victimes, à ceux qui luttent pour vivre, à leurs familles et à leurs proches. Reconnaissance à nos forces de l’ordre pour leur courage et leur sang-froid”, a écrit le président sur Twitter.

Une des personnes blessées dans l’attaque de vendredi reste dans un état grave, selon les autorités.

La fusillade a eu lieu dans un centre culturel kurde et un restaurant et un salon de coiffure à proximité, rue d’Enghien, située entre Saint-Denis et Montmartre près de la gare de l’Est dans le 10e arrondissement de la capitale française.

S’adressant aux journalistes sur les lieux, le maire de la ville, Alexandra Cordebardshe, a déclaré que la “véritable motivation” de la fusillade n’était pas claire.

Alors qu’elle parlait, une foule à proximité scandait “Erdogan, terroriste” — en référence au président turc Recep Tayyip Erdoğan — et “État turc, assassin.”

“Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, d’homicide volontaire et de violences aggravées”, et “les investigations ont été confiées pour l’instant au 2e district de la police judiciaire (DPJ)”, avait indiqué le parquet plus tôt vendredi.

Un suspect, un homme de 69 ans qui a été blessé, a été arrêté et placé en garde à vue.

La police parisienne a d’abord demandé à la population d’éviter la zone et de laisser le temps aux services d’urgence de se rendre sur les lieux.

“C’était la panique totale”, a déclaré à l’AFP un commerçant d’un immeuble voisin qui a souhaité rester anonyme.

“Nous avons vu un vieil homme blanc entrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est entré dans le salon de coiffure d’à côté. Nous nous sommes réfugiés dans le restaurant avec d’autres employés”, a déclaré à l’AFP par téléphone Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, situé dans la rue.

Selon un autre témoin, un riverain qui passait par là, “il y avait des gens en panique qui criaient à la police : ‘Il est là, il est là, avancez’, en désignant un salon de coiffure.”

“J’ai vu des policiers entrer dans le salon où j’ai vu deux personnes au sol, avec des blessures aux jambes, j’ai vu du sang”, a-t-il ajouté, décrivant “des gens en état de choc et de panique”.

Le Centre Ahmet Kaya, du nom d’un célèbre chanteur turco-kurde qui a vécu dans la ville, est une association établie dans la capitale française en 1901 dont le but est de “promouvoir l’intégration progressive” de la population kurde vivant dans la grande région parisienne.