Mythes de l'histoire de France : Il est illégal d'appeler un cochon Napoléon

En France, vous êtes libre d’appeler votre cochon domestique comme vous le souhaitez, même si l’appeler “rashers” est un peu indélicat. Photo de Daniel LEAL / AFP

Mythe : Il est (ou était à une époque) illégal d’appeler un cochon Napoléon en France, car cela constitue une insulte à l’ancien dirigeant du pays.

Ce fait apparaît dans de nombreux articles sur la “France bizarre” ou les “lois bizarres”, mais quiconque a essayé de faire des recherches à ce sujet n’a trouvé aucune preuve de l’existence d’une loi qui pourrait raisonnablement être interprétée comme telle, ni de poursuites judiciaires pour avoir appelé son cochon Napoléon.

Les archives sur le nom que les gens donnaient à leurs cochons sont un peu sommaires, donc nous ne savons pas si quelqu’un a effectivement fait cela, mais il y a un exemple très célèbre dans la littérature – la Ferme des animaux de George Orwell.

Dans l’édition française du roman de 1945, le cochon Napoléon est nommé…. Napoléon.

Il n’y a aucune trace d’Orwell ou de ses éditeurs ayant rencontré des problèmes en France à cause de cela.

Il est difficile de dire exactement pourquoi cela est devenu un trope si durable, mais il est vrai que la France, jusqu’à une date relativement récente, avait des lois en place pour empêcher les souverains d’être “insultés”.

La loi de 1881 (adoptée après la mort de Napoléon Bonaparte et de son neveu Napoléon III) fait de l’impolitesse à l’égard du président français (et seulement du président, les insultes à l’égard d’autres politiciens étant toujours autorisées) un délit passible d’une peine de prison ou d’une amende.

Pendant le mandat de Charles de Gaulle, six personnes ont été condamnées pour ce délit, mais il a été utilisé pour la dernière fois en 2013, lorsqu’un manifestant a été condamné à une amende de 30 euros pour avoir brandi une banderole à l’intention de Nicolas Sarkozy, alors président de la République. casse-toi pauvre con (Dégage, connard).

La loi a finalement été supprimée plus tard en 2013 après que la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que la liberté d’expression du manifestant avait été violée.

Les manifestants gilets jaunes utilisent leur liberté d’expression pour déclarer “Macron tu es pire qu’un porc”.
Photo de JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Il est désormais tout à fait légal d’insulter le président (et plusieurs milliers de personnes ont profité de cette liberté pendant le mandat d’Emmanuel Macron), bien que le président bénéficie des mêmes niveaux de protection que toute autre personne contre la diffamation ou l’atteinte à la vie privée.

Même lorsque la loi était en vigueur, elle ne faisait référence qu’au chef d’État actuel, et non aux anciens dirigeants, et il n’est pas certain que le simple fait de nommer un porc soit considéré comme une “insulte”.

Cet article fait partie de la série sur les mythes et idées fausses sur l’histoire de France.