Les diplomates français en grève face à l'

Le ministère français des Affaires étrangères. Photo de JEAN-PIERRE MULLER / AFP

“Le Quai d’Orsay disparaît peu à peu”, lit-on dans un communiqué de six syndicats du personnel, utilisant un nom familier pour désigner le siège du ministère français des Affaires étrangères sur la rive sud de la Seine, dans le centre de Paris.

La principale plainte porte sur une réforme des structures de carrière qui verra le statut spécial accordé aux diplomates les plus anciens supprimé à partir de l’année prochaine, selon les syndicats.

“Ces mesures de démantèlement de notre service diplomatique n’ont aucun sens à un moment où la guerre est revenue en Europe”, indique leur déclaration commune.

En vertu des changements préconisés par le président Emmanuel Macron, et adoptés par décret en avril, les hauts fonctionnaires du service extérieur perdraient leur statut de protection spéciale et seraient absorbés par un groupe plus large de travailleurs du secteur public.

Cela pourrait signifier que les quelque 700 diplomates les plus anciens de France seraient invités à rejoindre d’autres ministères et à faire face à la concurrence de non-diplomates pour les postes de haut niveau.

“Nous sommes très inquiets”, a déclaré à l’AFP un diplomate en poste, sous couvert d’anonymat. “Nous ne sommes pas interchangeables. J’ai le plus grand respect pour mes collègues des autres services de l’État, mais je ne sais pas comment faire leur travail et ils ne savent pas comment faire le mien.”

La grève a été convoquée pour le 2 juin.

La France a le troisième service extérieur le plus important au monde après la Chine et les États-Unis, avec environ 14 000 employés au ministère des Affaires étrangères au total.

La grande majorité d’entre eux sont des non-diplomates ou des personnes sous contrat local dans des pays du monde entier.

L’objectif du remaniement gouvernemental est d’encourager une plus grande mobilité entre les services de l’Etat, qui ont historiquement été divisés en unités séparées avec des règles et des protections de l’emploi qui rendent le passage d’une unité à l’autre très difficile.

Le gouvernement souhaite également attirer de nouveaux candidats plus diversifiés dans le service diplomatique en ouvrant de nouvelles voies d’accès au ministère, mais les critiques y voient un danger d’interférence politique.

“La porte est maintenant ouverte aux nominations à l’américaine”, a tweeté le mois dernier Gérard Araud, ancien ambassadeur à Washington et critique virulent de la réforme.

Les ambassadeurs américains sont nommés par le président, qui utilise souvent ce pouvoir pour récompenser ses alliés politiques et ses donateurs en leur offrant des postes à l’étranger.

La dernière et unique grève des diplomates français remonte à 2003 et visait à obtenir des augmentations de salaire.

Le débrayage du 2 juin souligne “le réel malaise du ministère, qui n’a pas une culture de la rébellion”, a déclaré Olivier da Silva du syndicat CFTC.