Le plan de Le Pen pour légaliser la discrimination contre les étrangers en France - y compris les binationaux

Marine Le Pen, candidate à la présidence du Rassemblement national (RN) français. (Photo : Christophe Simon/AFP)

Ce projet de loi, “modifiera un certain nombre d’articles de notre Constitution afin d’intégrer la question migratoire dans notre texte suprême mais aussi d’empêcher les juridictions supranationales de contraindre la France à suivre des politiques contraires à la volonté du peuple français”, selon Le Pen. manifeste.

Si Le Pen entre et si la loi est adoptée, environ 3,5 millions de personnes en France n’auraient soudainement pas les mêmes droits ici que les «ressortissants français».

Cela inclut les personnes qui vivent en France depuis des décennies et les personnes qui sont devenues citoyennes françaises.

Le plan de « priorité nationale » fixela discrimination légale entre Français et étrangers pour les emplois du secteur privé, de la fonction publique, ainsi que l’accès au logement social, à la santé et aux prestations sociales.

Le Pen, avocate de profession, sait que le projet de loi qu’elle propose viole la constitution française, les conventions européennes et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1789.

C’est pourquoi elle veut le soumettre à un référendum, qui contourne le parlement et évite le contrôle du Conseil constitutionnel – la plus haute juridiction française sur toutes les questions liées à la constitution, qui serait très susceptible de dire que la décision est inconstitutionnelle.

Article premier du projet de loi proposé – disponible ici (pdf) – contient le texte suivant : « L’accès des étrangers à tout emploi public ou privé, à l’exercice de certaines professions, activités économiques ou associatives, fonctions de représentation professionnelle ou syndicale, ainsi qu’au bénéfice des prestations de solidarité, est déterminé par droit.

« La loi fixe les conditions et les domaines dans lesquels la priorité nationale peut être appliquée, compris comme la priorité accordée aux nationaux.

Aux termes de l’article six : « La loi peut interdire l’accès aux emplois dans les administrations, les entreprises et personnes morales publiques, les entreprises publiques et les personnes morales chargées d’une mission de service public aux personnes qui possèdent la nationalité d’un autre État.

La loi sur l’immigration de Le Pen supprimerait le droit des résidents nés à l’étranger en France de travailler pour – entre autres – La Poste, EDF, la SNCF, les entreprises des secteurs social et de la santé et permettrait également “des sanctions pénales ou administratives pour punir les actions de toute personne physique ou morale qui méconnaît les règles régissant l’entrée, le séjour ou le travail des étrangers en France, y compris par toute assistance.

En plus de bloquer l’accès à certaines professions, le projet de loi – s’il était adopté – priverait les étrangers en France des allocations familiales et autres avantages, leur refuserait l’accès aux syndicats, rendrait plus difficile l’acquisition de la nationalité française, supprimerait la droit du sol règle (qui donne droit à la citoyenneté aux personnes nées en France) et empêche de nombreuses familles de se réunir en France.

Cela rendrait également plus difficile l’accès aux soins de santé.

Les ressortissants étrangers qui veulent s’installer en France sous un régime Le Pen, ils devront justifier qu’ils sont “titulaires d’un contrat d’assurance couvrant leurs dépenses de santé” car, prévient le candidat RN, “ils ne peuvent pas constituer un coût pour la protection sociale”. système et pour les finances publiques ».

Il n’est pas clair combien de temps les étrangers seraient tenus d’avoir une assurance maladie privée et quand/s’ils seraient autorisés à s’inscrire dans le système de santé français.

Le directeur de cabinet de Le Pen, Renaud Labaye, a insisté sur le fait qu’en tant que texte constitutionnel, il fallait garder des définitions aussi larges que possible pour permettre aux instruments juridiques de « restreindre ensuite la portée des interdits », y compris ceux qui détiennent la double nationalité.

À l’heure actuelle, certains emplois – y compris les postes de haut fonctionnaire – sont réservés aux ressortissants français, tandis que certains postes du secteur public sont réservés aux citoyens de l’UE.

Vous pouvez vous présenter aux élections au niveau local – par exemple, conseiller municipal ou maire de village – si vous êtes citoyen de l’UE, mais pour vous présenter comme député, sénateur ou président, vous devez être français.

Mais surtout, il n’y a pas de distinction entre les personnes nées françaises et celles qui ont acquis la nationalité française plus tard dans la vie par la famille, le mariage ou la résidence – il y a eu deux candidates à la présidentielle française (Eva Joly en 2012 et Anne Hidalgo en 2022) qui ont été non français de naissance.

Lors de ses campagnes électorales de 2012 et 2017, Le Pen a proposé d’interdire la double nationalité, ce qui signifie que les gens ne pourraient devenir citoyens français que s’ils renonçaient à la citoyenneté de leur pays d’origine. Cependant, en 2022, elle a abandonné cette politique, à la surprise de nombreux membres de son parti.

Les règles de citoyenneté française sont relativement généreuses, permettant la citoyenneté après cinq ans de résidence – mais avec une tonne de paperasse, un diplôme de langue française et un temps d’attente moyen de 18 mois.

La France a accordé la citoyenneté à 86 000 personnes en 2020, et depuis le référendum sur le Brexit, de nombreux résidents britanniques de longue durée en France ont pris la nationalité française afin de conserver leurs droits dans l’UE.