A l’intérieur de l’Assemblée nationale française, l’atmosphère était électrique mercredi pour le premier discours du Premier ministre Elisabeth Borne, alors que le parti au pouvoir ne détient plus la majorité absolue – une rareté dans le pays.

Ces “déclarations politiques générales”, qui ont lieu lors de la formation d’un nouveau gouvernement pour permettre au Premier ministre d’exposer les plans et les priorités de l’exécutif, ne sont généralement pas exceptionnelles, mais celle-ci était très attendue par les politiciens et les analystes politiques comme un premier test pour la nouvelle administration du Président Emmanuel Macron.

Et quel test ce fut… pendant les presque 90 minutes de discours, les députés ont crié, tapé sur les tribunes et même hué le nouveau Premier ministre.

M. Borne a tenté d’aborder certains des défis les plus urgents pour la France selon l’administration d’Emmanuel Macron, notamment l’économie, l’égalité des sexes, la sécurité nationale mais aussi le changement climatique et la paix en Europe.

Elle a parlé de la réforme du système de retraite français, soulignant que “nous devrons travailler un peu plus longtemps”, de faire de la France un pays “indépendant des combustibles fossiles”, et de la nationalisation de l’entreprise de service public Électricité de France (EDF) au nom de la “souveraineté énergétique”.

Mais son principal message est celui du compromis. Elle a demandé “plus de discussions” et que les députés “travaillent ensemble” afin de construire un nouveau modèle capable de relever les multiples défis à venir.

Le parti Renaissance de Macron et ses alliés centristes ont perdu leur majorité absolue lors des élections législatives du mois dernier au profit des partis d’extrême gauche La France Insoumise et d’extrême droite Rassemblement national qui ont tous deux réalisé des gains importants.

Cela signifie que, contrairement aux premières années précédentes où la majorité confortable du parti au pouvoir lui permettait d’approuver les réformes de Macron, le gouvernement devra désormais rechercher des alliances au cas par cas.

Avant le discours, l’équipe d’Elisabeth Borne a déclaré qu’elle “travaillait 24 heures sur 24 : elle rencontrait tout le monde, appelait tout le monde”. Selon ses conseillers, “elle s’est vraiment engagée à écouter”.

Pendant le discours, elle a fait référence à ces réunions avec les chefs des différents groupes parlementaires, citant les députés qui lui ont parlé par leur nom, dans une tentative d’engager le dialogue avec eux. Mais cela n’a pas semblé fonctionner.

Borne ne semblait pas en position de force avant le discours. Elle n’avait pas l’air d’être en position de force quand elle est partie.

Elle a décidé de ne pas appeler à un vote de confiance sur son discours de politique générale – une sorte de règle pour les premiers ministres lors de leurs premières apparitions au Parlement.

Les analystes politiques ont déclaré qu’elle n’avait pas le choix. Les leaders de l’opposition, dont le chef du Rassemblement national, ont déclaré qu’elle avait probablement fait le bon choix car “ils ne font pas confiance à son gouvernement”.

Sans alliés formels au sein de l’assemblée nationale de 577 sièges, Mme Borne a invité les membres du parlement à respecter ce qu’elle considère comme le message des électeurs français le mois dernier, lorsqu’ils ont porté un coup dur au président en le forçant à composer un gouvernement minoritaire.

“Les Français nous ont demandé de nous parler plus et mieux. Nous devons donner un sens au mot compromis, trop souvent oublié dans notre vie politique”, a déclaré M. Borne.

Si l’on en croit la séance elle-même, les députés ne semblaient pas prêts à écouter le nouveau Premier ministre.