Un quart des employés de première ligne interrogés à l'agence frontalière du Canada ont déclaré avoir été directement témoins de la discrimination d'un collègue à l'égard d'un voyageur au cours des deux années précédentes.

Parmi ces répondants, 71 pour cent ont suggéré que la discrimination était basée, en tout ou en partie, sur la race du voyageur, et un peu plus des trois quarts ont cité son origine nationale ou ethnique.

Ces chiffres sont tirés d’une enquête menée dans le cadre d’une évaluation interne de l’Agence des services frontaliers du Canada qui portait sur la façon dont l’agence traitait les voyageurs, en tenant compte du sexe, de la race, de l’origine ethnique, de la religion, de l’âge et de la déficience mentale ou physique, ainsi que de l’interaction entre ces facteurs.L’agence a récemment publié sur son site Web les résultats de l’évaluation, qui portait principalement sur les personnes entrant au Canada par avion.Dans le cadre de cette recherche, 922 agents et surintendants des services frontaliers ont été interrogés du 2 au 22 mars 2020.Parmi ceux qui ont dit avoir vu un collègue se livrer à la discrimination, un peu plus de deux sur cinq n’ont pas signalé ce qu’ils ont observé. Certains ont mentionné la peur des représailles ou le simple fait de se sentir mal à l’aise.

Seize pour cent des personnes qui ont été témoins de discrimination ont signalé ce qu’elles ont vu. Cependant, certains de ces répondants ont indiqué qu’ils ont rencontré des difficultés pour le faire ou que leurs rapports n’ont pas été pris au sérieux ou n’ont pas été suivis d’effets, selon le rapport d’évaluation.

Selon le rapport, les activités de traitement des voyageurs de l’ASFC ne visent pas à cibler intentionnellement les personnes en fonction des perceptions relatives à leur race ou à leur origine ethnique. L’agence utilise une combinaison de sources d’information, telles que des tendances et des rapports mondiaux, pour élaborer des scénarios, qui sont systématiquement examinés du point de vue des droits de la personne et d’autres considérations. “Cependant, certaines pratiques peuvent avoir des conséquences involontaires qui entraînent une surreprésentation des communautés racialisées dans le contexte de l’application de la loi”, indique le rapport.

Par exemple, lorsque les taux de ciblage sont plus élevés pour certains pays d’origine, il pourrait y avoir des conséquences inattendues pour les voyageurs de groupes raciaux ou ethniques spécifiques lorsque ces groupes représentent une plus grande proportion des voyageurs entrants en provenance de ces pays, ajoute le rapport. Les examinateurs ont constaté que l’agence ne pouvait effectuer qu’une “analyse très limitée” basée sur l’identité raciale ou ethnique des voyageurs lors de l’utilisation des données opérationnelles. “Si elle est confrontée à des plaintes ou à des réclamations du public pour discrimination raciale, l’agence ne peut ni prouver ni réfuter avec ses données si ses politiques ou ses pratiques sont discriminatoires envers les voyageurs, en raison de la complexité de cette question. Si l’agence devait tenter ce type d’analyse à l’avenir, elle devrait envisager et développer de nouvelles approches en matière de collecte, de stockage et d’analyse des données.” Le Manuel de traitement des personnes de l’ASFC fournit au personnel des directives concernant la sensibilisation à la culture du voyageur, l’interdiction du profilage racial et les services fournis aux personnes handicapées.

Une grande majorité des répondants à l’enquête ont déclaré être d’accord ou plutôt d’accord avec le fait que pour faire leur travail efficacement, ils doivent reconnaître leurs préjugés personnels et implicites.

L’évaluation fait plusieurs recommandations, y compris un appel à développer et à mettre en œuvre un plan pour améliorer la sensibilisation et le signalement des mauvais traitements et de la discrimination des voyageurs dont le personnel des agences frontalières est témoin, sans crainte de représailles.

Dans une réponse jointe au rapport d’évaluation, l’agence frontalière a accepté d’élaborer un tel plan et d’établir un calendrier pour mettre en place les changements cette année.

Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 16 août 2022.