Un tribunal français a bloqué les demandes d’extradition de dix anciens membres des Brigades rouges italiennes d’extrême gauche.

Les suspects – tous âgés de 60 à 70 ans – sont accusés d’avoir commis des actes de terrorisme en Italie pendant les Anni di piombo ou années de plomb dans les années 1970 et 1980.

Les huit hommes et les deux femmes ont fui le pays après la mise en sommeil du groupe dans les années 1980 et se sont réfugiés en France voisine.

L’Italie a essayé d’extrader les militants de gauche présumés pendant plusieurs années et l’affaire a empoisonné les relations entre les deux pays de l’Union européenne.

Mercredi, la Cour d’appel de Paris a rejeté la demande de l’Italie, en se fondant sur le droit des suspects à un procès équitable et à une vie de famille en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme.

Le verdict a été salué par les partisans des anciens militants à l’extérieur du tribunal.

“C’est le triomphe des droits, de l’humanité et de la justice contre la raison d’Etat”, a déclaré l’avocate Irene Terrel, qui représentait sept des anciens Brigades Rouges.

Macron va à l’encontre de la doctrine Mitterrand

L’année dernière, le président français Emmanuel avait étonnamment soutenu les demandes d’extradition de l’Italie après des mois de négociations avec Rome.

Dans le cadre d’une politique des années 1980 connue sous le nom de doctrine Mitterrand, la France avait auparavant refusé d’extrader des militants d’extrême gauche italiens s’ils s’engageaient à renoncer à la violence.

Mais après la volte-face de Macron, les dix suspects ont tous été arrêtés l’année dernière, soupçonnés de “crimes de sang” particulièrement graves.

“Je crois que les Italiens doivent pouvoir faire face à leur histoire et examiner leur passé”, a déclaré Antoine Comte, avocat de Sergio Tornaghi, accusé des Brigades rouges.

“Plusieurs générations de jeunes ont été impliquées dans des mouvements armés”. […] c’était une période terrible”, a-t-il ajouté, appelant l’Italie à introduire une loi d’amnistie.

Les procureurs ont indiqué qu’ils feraient appel de la décision du tribunal.

Pendant les années de plomb, plus de 360 personnes ont été tuées et des milliers blessées dans des attaques répétées de l’extrême droite et de l’extrême gauche.

On estime que 10 000 personnes ont été arrêtées pour leur rôle présumé et qu’environ 5 000 personnes ont été condamnées.

Les Brigades rouges faisaient partie des groupes militants les plus notoires et ont été accusées de centaines de meurtres, dont l’enlèvement et le meurtre de l’ancien Premier ministre italien Aldo Moro en 1978.

Beaucoup en Italie pensent que les dix suspects devraient être confrontés à la justice nationale.