L’État français ne laissera plus les migrants de Calais errer dans les rues après avoir démoli leurs camps, a déclaré mardi un représentant du gouvernement, promettant qu’une place dans un centre d’hébergement leur serait “systématiquement” proposée.

Cette annonce intervient 23 jours après le début d’une grève de la faim menée par un prêtre âgé de Calais pour dénoncer le sort des étrangers sans abri dans cette ville portuaire, plaque tournante de la route des migrants vers la Grande-Bretagne.

Au cours des cinq dernières années, les autorités françaises ont mené une campagne sans relâche pour empêcher les migrants d’établir des camps à Calais, où des centaines de personnes vivent dans les bois, sous les ponts ou sur des terrains vagues, tout en essayant d’échafauder des plans pour atteindre la Grande-Bretagne.

Le gouvernement du président Emmanuel Macron n’a pas caché sa détermination à empêcher l’émergence d’une nouvelle “Jungle”, comme on appelait le bidonville tentaculaire de Calais qui a hébergé jusqu’à 10 000 migrants avant d’être démoli en 2016.

Mais le chef de l’office national de l’immigration, Didier Leschi, a déclaré que le gouvernement allait adoucir son approche.

“Nous proposerons systématiquement un hébergement (aux migrants)”, a-t-il déclaré, ajoutant que les places proposées ne seraient pas à Calais même mais dans la région plus large des Hauts-de-France.

Leschi a été envoyé à Calais pour servir de médiateur avec le prêtre catholique Philippe Demeestere, âgé de 72 ans, qui a entamé une grève de la faim il y a trois semaines avec deux jeunes militants pour protester contre les mauvais traitements subis par les migrants.

Dans un rapport publié le mois dernier, Human Rights Watch a accusé la police de faire de la vie des migrants une misère en démolissant systématiquement leurs tentes, en confisquant régulièrement leurs biens et en harcelant les ONG qui tentent de leur apporter de l’aide.

Leschi a déclaré qu’à l’avenir les migrants auraient plus de temps – “environ 45 minutes” – pour rassembler leurs biens et qu’il n’y aurait “plus d’expulsions surprises.”

Le gouvernement affirme que les camps attirent les passeurs, qui demandent des sommes exorbitantes pour aider les migrants à passer en Grande-Bretagne, soit dans un petit bateau traversant la Manche en pleine nuit, soit dans un camion traversant par ferry ou par le tunnel sous la Manche.

Un total de 15 400 personnes ont tenté de traverser la Manche au cours des huit premiers mois de cette année, soit une augmentation de 50 % par rapport au chiffre de l’ensemble de l’année 2020, selon les statistiques des garde-côtes français.