La deuxième plus grande ville de France a longtemps été connue pour ses rues délabrées et ses lotissements désolés, mais aussi pour son charme et sa fierté locale.

Mais à l’approche des élections présidentielles d’avril 2021, une recrudescence de fusillades meurtrières a mis ses problèmes sociaux de longue date à l’ordre du jour politique.

“J’ai tellement souffert, je ne peux pas le mettre en mots. Je veux partir”, a déclaré une femme au bord des larmes à Macron alors qu’il rencontrait les résidents de la cité Bassens, dans le nord de Marseille, au début de sa visite.

D’autres ont demandé plus de police, d’investissements publics et de meilleurs logements en décrivant leurs rencontres quotidiennes avec des trafiquants de drogue, ainsi que les écoles locales décrépites et les tours d’habitation.

“On a peur dans cette cité”, a confié à l’AFP une assistante sociale de 63 ans, originaire de Bassens, avant l’arrivée de Macron. “Quand je rentre du travail à 22 heures, c’est désert et parfois on entend des tirs comme dans un film de western”.

Le voyage de trois jours de Macron, accompagné de sept membres de son cabinet, vise à faire une déclaration sur son investissement dans la sécurité et l’éducation, à seulement huit mois des élections présidentielles.

Des jeunes jouent au football dans le quartier de Bassens lors d’une visite du Président français dans le cadre d’une visite de trois jours à Marseille, Photo : Ludovic MARIN / POOL / AFP.

“C’est une ville qui a émis un certain nombre de signaux d’alerte”, a reconnu mardi un collaborateur de la présidence. Macron est bien conscient que son adversaire d’extrême droite Marine Le Pen devrait faire campagne l’année prochaine sur un programme de maintien de l’ordre.

Guerre de territoire

Les quartiers nord de Marseille, qui comptent parmi les zones urbaines les plus défavorisées de France, servent de plaque tournante au vicieux trafic de stupéfiants de la ville, auquel le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déjà promis de s’attaquer.

“Nous n’abandonnerons pas”, a déclaré Macron aux policiers en première ligne de la bataille lors d’une visite dans un commissariat mercredi. “Nous avons des résultats en amélioration. Nous allons continuer, jusqu’au bout, à faire en sorte que les lieux de vente de drogue ferment définitivement.”

Deux personnes sont mortes dans le nord de Marseille le week-end dernier dans une autre fusillade en voiture, tandis que la semaine précédente, un adolescent de 14 ans a été tué par des tirs automatiques près d’un des nombreux points de vente où la marijuana et la cocaïne sont ouvertement vendues.

Au cours de la même période, un autre homme a été forcé de monter dans une voiture et est mort brûlé lorsque le véhicule a été incendié.

Douze personnes ont été tuées au cours des deux derniers mois dans ce qui semble être une guerre de territoire de la drogue qui suscite des meurtres de tit pour tit, dit la police, mais les niveaux restent inférieurs à 2016 et aux périodes particulièrement violentes des années 1980.

“Personne ne se soucie de ce qui se passe ici”, a déclaré cette semaine à l’AFP un habitant du quartier dans la cité désolée des Rosiers. “J’ai l’impression qu’ils (les politiques) pensent ‘laissons ces indigents et ces étrangers s’entretuer dehors'”.

Kalashnikovs

Au cours de sa visite, Macron devrait s’appuyer sur les annonces récentes pour Marseille : 300 policiers supplémentaires ont été promis pour la ville, ainsi que des magistrats supplémentaires.

Il devrait également annoncer son soutien au projet du maire socialiste de rénover les écoles publiques de la ville, dont certaines sont dans un état “lamentable”, selon le chef du conseil local de l’éducation.

Le maire nouvellement élu Benoît Payan a promis d’investir 1,2 milliard d’euros pour rénover et reconstruire 200 des 472 écoles publiques de la ville et cherche le soutien du gouvernement central.

“Les écoles sont indignes de la République”, a-t-il déclaré à l’AFP cette semaine, ajoutant que les logements à Marseille n’étaient pas non plus “à la hauteur de la sixième puissance mondiale”.

Payan a donné de multiples interviews ces dernières semaines pour tirer la sonnette d’alarme sur la criminalité liée à la drogue.

“Si les gens s’entretuent avec des kalachnikovs, c’est parce que les kalachnikovs circulent presque librement dans cette ville”, a-t-il déclaré au diffuseur Franceinfo en août après le meurtre du collégien de 14 ans.