Plus de 100 000 travailleurs des transports, enseignants et personnel médical ont défilé dans les villes françaises mardi après que les syndicats aient appelé à un débrayage massif pour des raisons salariales, plaçant le président Emmanuel Macron devant l’un des défis les plus difficiles à relever depuis sa réélection en mai.

Pendant ce temps, seulement un train sur deux circulait mardi dans le réseau ferroviaire de la région sud, provoquant des retards à l’heure de pointe du matin. Des perturbations ont également été signalées sur les trains à grande vitesse dans le nord, ainsi que sur l’Eurostar et les trains interurbains reliant la France à l’Espagne.

Cependant, les grèves n’ont pas eu un impact aussi important que prévu. Les TGV longue distance n’ont été que marginalement touchés.

Les dirigeants syndicaux espéraient que les travailleurs seraient revigorés par la décision du gouvernement de forcer certains d’entre eux à reprendre le travail dans les dépôts d’essence pour tenter de rétablir l’approvisionnement en carburant, une décision qui, selon certains, a mis en péril le droit de grève.

Les employés des secteurs public et privé ont été appelés à cesser le travail dans le cadre d’une extension de l’action industrielle qui a perturbé les principales raffineries françaises et l’approvisionnement des stations-service.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a déclaré : “nos revendications sont plus que jamais à l’ordre du jour, la question des salaires. Nous constatons que c’est la priorité n°1 des Français”.

“L’inflation touche tous les travailleurs en Europe”, a ajouté Philippe Martinez.

“On voit que les profits des grandes entreprises explosent et que l’on dit aux salariés que leur salaire ne peut pas être augmenté, qu’il n’y a pas d’argent. Donc cette colère est très répandue en Europe”.

Soucieux de résoudre les difficultés d’approvisionnement en carburant des Français “le plus rapidement possible”, Macron a convoqué une réunion à l’Élysée lundi après-midi.

“Le président de la République a appelé à l’esprit de responsabilité de tous et a souligné les conséquences insupportables pour ceux qui souffrent quotidiennement de cet enfer”, a indiqué une source anonyme.

Alors que les perturbations dans les transports publics ont commencé à se manifester, des banlieusards ont été vus arrivant tôt dans les gares mardi pour tenter de se rendre au travail, tandis que des embouteillages plus importants que d’habitude ont été signalés autour de Paris.

Cette situation survient alors que des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Paris dimanche pour protester contre la flambée des prix.

Le PR Borne estime qu'”une minorité bloque le pays”.

Les tensions continuent de s’accroître en raison de l’inflation élevée et des craintes liées au coût de la vie, bien que les chiffres officiels du mois d’août montrent que le taux d’inflation en France, à 6,6 %, est le plus faible de l’Union européenne.

Dans un contexte politique tendu, le gouvernement français s’apprête à adopter le projet de loi de finances 2023 en utilisant des pouvoirs constitutionnels spéciaux qui lui permettraient d’éviter un vote au Parlement.

Le gouvernement du président français Emmanuel Macron perd patience avec les grévistes, qui sont soutenus par ses rivaux politiques de gauche.

Le Premier ministre Elisabeth Borne, s’exprimant mardi à l’Assemblée nationale, a déclaré que “les négociations ont abouti à la signature d’accords”, avec les syndicats majoritaires tant chez TotalEnergies que dans la branche française d’ExxonMobil, Esso, où les travailleurs ont mis fin à leur grève la semaine dernière.

“Il n’est donc pas acceptable qu’une minorité continue à bloquer le pays”, a-t-elle déclaré.

Borne a déclaré qu’environ 25% des stations-service françaises connaissent des pénuries temporaires.

Elle a noté une “nette amélioration” de la situation dans le nord de la France, où 18,5% des stations-service sont perturbées, contre 55% la semaine dernière. Elle a ajouté que la situation s’était également améliorée en région parisienne au cours des dernières 24 heures.

Le syndicat CGT a appelé à poursuivre les débrayages pendant une quatrième semaine chez TotalEnergies, bien que la compagnie pétrolière ait conclu un accord comprenant une augmentation de 7% et une prime vendredi avec d’autres syndicats. La CGT réclame une augmentation de salaire de 10%, invoquant l’inflation et les énormes bénéfices réalisés par l’entreprise.

Les grèves se sont déjà étendues à d’autres parties du secteur de l’énergie, y compris au géant nucléaire EDF, où des travaux de maintenance cruciaux pour l’approvisionnement en électricité de l’Europe seront retardés.

Un représentant du syndicat FNME-CGT a déclaré lundi à Reuters que les grèves affectaient le travail dans 10 centrales nucléaires françaises, avec de nouveaux retards de maintenance dans 13 réacteurs et une réduction de la production électrique française de 2,2 gigawatts au total.