Les candidats à l’élection présidentielle française exhortent le président Emmanuel Macron à officialiser sa candidature, l’accusant d’utiliser sa position pour faire campagne en contournant les règles.

Valérie Pecresse, la candidate du parti de droite Les Républicains, a déposé lundi une plainte auprès du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) au sujet d’une prochaine interview télévisée avec Macron.

L’entretien d’une heure et demie avec le président, intitulé “Où va la France ?”, doit être diffusé en prime time mercredi soir sur TF1 et LCI.

Mme Pécressed a déclaré aux journalistes qu’elle avait déposé une plainte auprès de l’autorité de régulation – qui contrôle le temps de parole des hommes politiques et des partis pour s’assurer qu’aucun d’entre eux ne bénéficie d’une plus grande couverture à la radio ou à la télévision – car “on ne peut pas avoir un président-candidat qui a les chaînes de télévision ouvertes à la demande et qui passe des heures à faire campagne, alors que ses adversaires doivent se contenter de cinq minutes de duplex pour lui répondre”.

“Ce n’est pas ma conception de la démocratie” et “je demande au CSA de rétablir l’égalité du temps de parole et le fair-play démocratique”, a-t-elle ajouté.

Son porte-parole Geoffroy Didier a appelé le CSA à déduire l’interview de Macron de son temps de parole de campagne, écrit sur Twitter: “Nous avons tous compris que le président sortant est déjà candidat, arrêtez les faux-semblants !”.

Selon les règles du CSA, le gouvernement se voit attribuer un tiers du temps de parole politique, les partis politiques, y compris le parti au pouvoir, se partageant les deux tiers restants.

Secret de polichinelle

Le parti de Macron, La République en Marche (LREM), est la seule grande formation à ne pas avoir encore désigné de candidat officiel à quatre mois du premier tour de l’élection, mais il est largement attendu que Macron se présente.

L’Elysée a déclaré que l’interview, filmée en début de semaine, est similaire à celle qu’il avait réalisée à peu près à la même époque l’année dernière pour discuter de sa présidence jusqu’à présent et de ce qu’il a l’intention de faire dans les mois à venir alors que le pays dirige la présidence tournante de l’UE pour six mois.

Mais Pécresse, qui a remporté l’investiture de son parti au début du mois à l’issue d’une primaire, n’est pas la seule candidate mécontente.

Boris Vallaud, un porte-parole du Parti socialiste, s’est également offusqué de l’interview, écrivant sur Twitter le mardi que “les Françaises et les Français ne doivent pas être convoqués par le président pour sa campagne sans en être informés.”

“Dans une démocratie, les règles doivent être claires et les mêmes pour tous”, a-t-il ajouté, décrivant la présidence de Macron comme “un quinquennat de démocratie brouillonne.”

La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a appelé Macron à mettre fin au suspense sans délai. “Les Français attendent la franchise, la transparence, il suffit de dire ‘je serai candidat à la réélection'”, a-t-elle déclaré sur RMC.

Un porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, le leader du parti populiste de gauche La France Insoumise, a également exhorté Macron à mettre fin à un “secret de polichinelle.”

En septembre, le CSA a décidé de commencer à comptabiliser le temps de parole d’Éric Zemmour comme celui d’un homme politique. La personnalité de la droite radicale était alors présentateur et pundit sur la chaîne d’information CNews. Il a depuis annoncé sa candidature à la tête du pays.