Des milliers de partisans du candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle française, Eric Zemmour, se sont rassemblés dans un stade en banlieue de Paris dimanche pour le premier meeting officiel de sa campagne, la police étant en état d’alerte maximum en raison du risque d’affrontements avec les manifestants.

Zemmour, un auteur de 63 ans et un expert de la télévision, a annoncé mardi qu’il se présenterait aux élections d’avril prochain, rejoignant ainsi le groupe de challengers qui cherchent à déloger le président centriste Emmanuel Macron.

Brandissant des drapeaux français et scandant “Zezu Président !” ou chantant l’hymne national marseillais, les fans attendaient au milieu de tracts proclamant une candidature anti-immigrés “pour que la France reste française”. Le rassemblement est également l’occasion pour Zemmour de retrouver son élan après avoir trébuché dans les sondages d’opinion suite à son entrée spectaculaire dans la politique française en septembre.

“On espère qu’en annonçant sa candidature et avec ce meeting, ça va le relancer un peu”, a déclaré Maxence Mike, 22 ans, étudiant de la banlieue parisienne de Montargis et membre de l’association “Génération Z”.

“Il y a un malaise en France, une crise des civilisations, des problèmes de sécurité, et pour l’instant il est le seul à avoir le courage de poser clairement ces problèmes”, a déclaré Jacques Ohana, un chirurgien parisien de 65 ans, qui a souligné que, comme Zemmour, il avait des origines nord-africaines.

Environ 19 000 personnes se sont inscrites pour l’événement, selon la campagne de Zemmour, ce qui l’a conduit à troquer une salle de concert pour un espace d’exposition de plus grande capacité dans la banlieue de Villepinte, au nord-est de la capitale.

Photo : Sameer Al-DOUMY / AFP

La police est en état d’alerte pour les militants d’extrême gauche et les anarchistes qui ont perturbé le voyage de Zemmour le week-end dernier dans le sud de la ville portuaire de Marseille, qui s’est terminé par le candidat montrant le majeur à une femme qui protestait. La police anti-émeute s’est massée devant l’arène et a fouillé les sacs des gens à leur arrivée.

A Paris, quelques centaines de personnes ont défilé pour protester contre une candidature dénoncée comme raciste et clivante.

“C’est important de montrer qu’on ne laissera pas le fascisme gagner du terrain”, a déclaré à l’AFP Simon Duteil, porte-parole du syndicat Solidaires.

L’élan s’estompe

Jusqu’à présent, Zemmour avait parcouru le pays pour faire la promotion de son dernier livre – “La France n’a pas dit son dernier mot” – qui servait de tournée de précampagne à peine déguisée.

En plus d’une série de faux pas récents, dont l’incident du majeur, Zemmour a vu plusieurs personnalités influentes de l’extrême droite prendre leurs distances avec lui, y compris son principal bailleur de fonds. Les sondages montrent que les électeurs pensent actuellement que Marine Le Pen, le leader vétéran du parti d’extrême droite Rassemblement national, ferait un président plus compétent que Zemmour, qui est considéré comme très diviseur et arrogant par une grande majorité.

Les derniers sondages suggèrent qu’il serait éliminé au premier tour si l’élection avait lieu maintenant, Macron étant donné comme favori devant Le Pen, mais les analystes préviennent que le résultat reste très incertain.

Zemmour a lancé sa candidature à la présidence mardi dans une vidéo très inhabituelle postée sur YouTube, qui le voit lire un discours dans un microphone à l’ancienne, assis à un bureau et regardant à peine la caméra. L’objectif était de rappeler le célèbre discours prononcé en juin 1940 par le général Charles De Gaulle, héros de la guerre, qui invitait à poursuivre la résistance à l’occupation nazie de la France.

Sur des images d’émeutes, de prières islamiques et d’attaques terroristes, Zemmour a averti que la France risquait d’être “conquise” ou “colonisée” par les immigrants et que les Français étaient “remplacés”.

Son ami Robert Ménard, maire d’extrême droite de la ville de Béziers (sud) et personnalité influente dans les milieux d’extrême droite, a qualifié le rassemblement de dimanche de “pari audacieux. Il faut qu’il le réussisse”.

M. Menard a décrit la vidéo YouTube comme étant d’une “noirceur apocalyptique” et a déclaré que M. Zemmour devait commencer à présenter des propositions concrètes.