L’ancienne ministre française de la Justice, très appréciée, a lancé samedi sa tentative d’unifier la gauche française en difficulté et de défier le président Emmanuel Macron aux élections présidentielles d’avril, mais elle doit faire face à une série de candidats concurrents peu enclins à céder la vedette.

“Je m’engage ici devant vous car je partage votre aspiration à un autre type de gouvernement”, a déclaré l’ancienne ministre du président socialiste François Hollande (2012-17) à ses partisans à Lyon lors du lancement officiel de sa campagne.

Taubira a fustigé “le pouvoir descendant et l’absence de dialogue social” sous Macron, promettant de se battre pour des salaires plus élevés, de meilleures conditions pour les élèves et les étudiants, le service de santé et la protection de l’environnement.

La femme de 69 ans, née en Guyane, territoire français d’Amérique du Sud où elle a été députée, est admirée par la gauche après avoir lutté pour une loi reconnaissant la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité, et pour avoir piloté le mariage homosexuel dans les livres de loi en 2013 en tant que ministre de la justice.

“Nous ferons tout cela ensemble, car c’est ce dont nous sommes capables”, a-t-elle déclaré à une foule enthousiaste brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Avec Taubira”.

Mais elle risque de devenir l’un des six candidats qui se battent pour obtenir des voix parmi les quelque 30 % de l’électorat qui penche à gauche.

Ils vont de l’incendiaire Jean-Luc Mélenchon – le mieux noté dans les sondages compilés par l’hebdomadaire JDD à près de 10 % – au candidat des Verts Yannick Jadot et à la maire de Paris Anne Hidalgo à 6,5 et 3,5 %.

Un sondage de janvier donnait à Taubira un soutien d’environ 4,5 %.

A droite, trois challengers – la conservatrice Valérie Pecresse, la leader traditionnelle d’extrême-droite Marine Le Pen et l’insurgé de la télévision Eric Le Pen sont en lice.
Zemmour – ont une certaine chance d’affronter le président sortant Macron au second tour de l’élection.

Bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, le président lui-même bénéficie de la plus haute cote de popularité dans les sondages du premier tour, soit environ un électeur sur quatre.

Les partisans de Taubira affirment qu’elle a le pouvoir d’alimenter “l’ardeur” des gens de gauche, qui ont été les plus grands perdants de l’effondrement du clivage politique traditionnel gauche-droite depuis la victoire présidentielle surprise de Macron en 2017.

L’ancienne ministre “veut être l’antidote à la lassitude des électeurs de gauche, qui ne supportent plus la fragmentation”, a déclaré Christian Paul, un partisan de Taubira et maire de la petite ville de Lormes dans le centre de la France.

L’un des outils sur lesquels Taubira a parié est une “primaire populaire” qui couronnera le candidat de gauche préféré d’environ 120 000 électeurs inscrits.

Mais alors qu’elle s’est engagée à respecter le résultat, les autres candidats ont refusé de s’engager dans ce processus.