Le président français Emmanuel Macron a déclaré que les personnes diffusant des fausses nouvelles en ligne devraient être tenues responsables et éventuellement traduites en justice, une question qui prend de plus en plus d’importance à l’approche de l’élection présidentielle du pays en avril.

Dans un discours prononcé à Paris mardi, M. Macron a mis en garde contre la menace que font peser sur la démocratie la désinformation et les fausses nouvelles en ligne.

Il a suggéré que de nouvelles lois permettent aux plateformes Internet, aux influenceurs et aux personnes qui attirent l’attention en ligne d’être tenus responsables en France, tout comme les journalistes.

“Il doit en être de même pour les médias étrangers, qui sont autorisés à diffuser des informations sur le territoire français”, a-t-il ajouté.

Une loi de 1881 a établi la liberté de la presse en France tout en introduisant des règles contre la diffamation et les discours de haine. Le gouvernement français a créé l’année dernière une agence chargée de lutter contre la désinformation étrangère et les fake news.

Macron a également averti que les démocraties occidentales ne sont actuellement pas assez fortes pour faire face aux “acteurs de la propagande financés par des régimes autoritaires étrangers, qui ne respectent pas les procédures de responsabilité et l’éthique journalistique.”

“Nous devons également savoir comment nous protéger contre l’ingérence étrangère”, a-t-il déclaré.

En 2017, un piratage et une fuite massive de documents ont frappé la campagne électorale présidentielle de Macron deux jours seulement avant sa victoire.

L’utilisation de bots a soulevé des questions sur l’implication de groupes liés à la Russie. Moscou a nié toute implication.

Le discours de Macron intervient après la réception d’un rapport qu’il a commandé en octobre sur les conséquences potentielles des fake news, notamment les émeutes du 6 janvier de l’année dernière au Capitole américain.

Le rapport publié mardi formule une série de recommandations, allant de l’enseignement aux enfants pour qu’ils remettent en question ce qu’ils voient sur les médias sociaux à une meilleure protection des élections contre les interférences étrangères, en passant par la sanction de ceux qui troublent l’ordre public en diffusant des fake news.

Le sociologue Gérald Bronner, chef de la commission en charge du rapport, a déclaré que toute mesure doit être équilibrée avec la nécessité de préserver la liberté d’expression.

“Nos recommandations n’ont donc pas pour but d’éradiquer tout problème lié à l’information”, a-t-il déclaré.

“Mais (elles sont destinées) à limiter la diffusion de contenus qui portent atteinte à la vie démocratique, à dissuader les comportements malveillants, à sanctionner les pratiques illégales.”

Le chercheur en sciences sociales Laurent Cordonier, membre du comité, a déclaré qu'”un petit nombre de fausses nouvelles, trompeuses, peut avoir des conséquences graves” et peut radicaliser certains groupes.

“C’est ce que nous avons vu, par exemple, avec les événements au Capitole aux États-Unis”, a-t-il déclaré.