Macron fait face à une grève alors que les syndicats français font jouer leurs muscles

Des manifestants brandissent des drapeaux du syndicat CGT et protestent pour soutenir le personnel hospitalier français devant le ministère de la Santé en juin (Photo de Bertrand GUAY / AFP).

L’ampleur des perturbations reste toutefois incertaine, la grève étant un test pour le syndicat CGT à l’origine des protestations, qui cherche à obtenir des soutiens en vue d’une longue bataille avec le gouvernement centriste.

Macron a approuvé des augmentations de salaire pour les fonctionnaires et les enseignants et a mis en place l’un des filets de sécurité anti-inflation les plus généreux d’Europe, qui a plafonné les prix de l’énergie pour les ménages et maintenu l’inflation.

Mais son insistance à relever l’âge de la retraite de son niveau actuel de 62 ans – l’une de ses principales promesses de campagne de réélection – a suscité l’émoi des syndicats et d’autres opposants de gauche et reste largement impopulaire dans le pays.

“Nous sommes contre le fait de repousser l’âge de la retraite car nous considérons que c’est une aberration alors qu’il y a tant de chômeurs dans ce pays”.

Philippe Martinez, le responsable de la CGT, a déclaré mardi au diffuseur BFM.

“Maintenir les gens qui ont un travail dans leur travail, c’est faire en sorte que ceux qui n’en ont pas ne puissent pas en trouver”, a-t-il ajouté.

Malgré les avertissements de ses alliés sur le risque d’échec, M. Macron a chargé son gouvernement de relever l’âge de la retraite, qui est actuellement de 62 ans, l’un des plus bas d’Europe, les changements devant entrer en vigueur l’année prochaine.

Avec des déficits qui s’envolent et une dette publique qui atteint des sommets historiques, l’ancien banquier d’affaires a fait valoir que le report des retraites et l’augmentation du nombre d’emplois sont les seuls moyens pour l’État d’augmenter ses recettes sans augmenter les impôts.

Son parti centriste a perdu sa majorité au Parlement en juin, ce qui a gravement compromis sa capacité à faire adopter des changements.

“Si le président s’obstine à déclarer une guerre sociale au peuple, nous répondrons par tous les moyens à notre disposition”, a tweeté mercredi la chef de file parlementaire du parti politique La France insoumise (LFI), Mathilde Panot.

Arrêts de travail

La grève de jeudi a été appelée par la CGT, le deuxième plus grand syndicat de France, avec le soutien de partenaires plus petits, Solidaires et FSU.

L’influente CFDT et les syndicats FO de la gauche dure ont refusé de participer, soulignant les divisions du mouvement syndical autrefois formidable du pays qui a lutté pour arrêter les réformes économiques et de sécurité sociale de Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017.

Environ une école sur 10 à Paris devrait fermer pour la journée de jeudi, tandis que 300 fermeront dans la région du sud des Bouches-du Rhône, qui comprend Marseille.

“On voit vraiment que les enseignants en ont marre de leurs salaires… si en plus, il y a la question des retraites, ça risque de faire des étincelles”, a déclaré Guislaine David du syndicat Snuipp-FSU.

Les chemins de fer de la SNCF et le métro de la RATP à Paris se préparent également à des perturbations des services, tandis que les employés du géant pétrolier et gazier TotalEnergies sont en grève depuis mardi.

Malgré la colère suscitée par la flambée du coût de la vie, Macron est pressé de faire passer la réforme des retraites, qu’il a d’abord promise en 2017 avant de faire une pause en 2020 pendant la pandémie de Covid-19.

“Je ne connais personne qui veut travailler plus longtemps, mais je ne connais personne qui pense qu’il ne va pas travailler plus longtemps”, a déclaré la semaine dernière à l’AFP un ministre proche du président sous couvert d’anonymat.

“Peut-être que je me trompe, mais je ne suis pas sûr que la participation sera aussi importante que les syndicats et LFI l’espèrent”, a ajouté le ministre.