La future décoration intérieure de Notre-Dame de Paris, qui suscite la controverse, a été approuvée jeudi dans le cadre des plans de restauration après son incendie dévastateur.

Cette décision intervient 24 heures seulement après la publication d’une pétition par 100 personnalités du monde des arts et de l’université demandant que le design soit simplifié afin d’honorer le patrimoine de l’édifice.

Un vote a eu lieu après une délibération à huis clos entre un comité de 24 personnes composé d’experts en architecture, de politiciens et de personnalités religieuses.

La Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture (CNPA) &ndash ; dont l’approbation était requise pour que ces plans puissent être mis en œuvre &ndash ; a demandé seulement deux reconsidérations pour la rénovation tant attendue .

Ils veulent que les statues qui tapissent les murs de la cathédrale restent en place et que l’on repense l’installation de bancs modernes et mobiles en conservant les sièges d’origine de Notre-Dame.

Le diocèse entend profiter de la restauration de la célèbre cathédrale gothique, ravagée le 15 avril 2019 par un gigantesque incendie qui a choqué le monde entier, pour lui donner un nouveau souffle, avant sa réouverture prévue en 2024, à temps pour les Jeux olympiques.

L’incendie a laissé un tiers du toit de la cathédrale intact, les débris se sont effondrés et ont détruit des parties de son intérieur.

Les critiques se multiplient à l’encontre des nouvelles conceptions “modernes” potentielles

Le bâtiment tel que nous l’avons connu a été conçu par Eugène Viollet-le-Duc entre 1844 et 1864.

Il a subi des restaurations mineures depuis, mais rien de cette ampleur.

Les sceptiques du changement de direction affirment que le mélange de nouvelles influences dégradera le symbolisme religieux du bâtiment original. [L’Assemblée nationale française a rejeté cette approche, en promulguant une loi en juillet 2019 qui exige que la restauration préserve l’intérêt historique, artistique et architectural de la cathédrale.

Malgré cela, les premiers retours sur la nouvelle conception l’ont qualifiée de ” kitsch ” pour avoir mis l’accent sur l’aspect ” expériences des visiteurs “, plutôt que sur l’héritage du bâtiment.

Une tribune publiée dans le quotidien français Le Figaro affirme que ces idées vont “dénaturer complètement le décor et l’espace liturgique” et créer une crise de personnalité.

“Respectons l’œuvre de Viollet-le-Duc, respectons le travail des artistes et artisans qui ont œuvré pour nous offrir ce joyau.”

La refonte souhaite créer un “dialogue” entre l’art contemporain et l’art traditionnel des maîtres anciens et de nombreuses influences seront en jeu.

Le père français de l’art urbain Ernest Pignon-Ernest, les sculpteurs Anselm Kiefer et la regrettée Louise Bourgeois pourraient voir leurs œuvres fusionner avec celles de maîtres anciens comme les frères Le Nain ou Charles Le Brun.

Le ministère de la Culture se dit “pas du tout opposé” à ce genre d’exemples. [La lumière à hauteur de visage, des bancs sur roulettes avec des lumières pour remplacer les chaises séculaires, font également partie du projet.

Comment fonctionne le processus de sélection ?

Le CNPA doit tout d’abord examiner si les plans respectent “les lois du patrimoine” et “la réversibilité (de certains choix)”, explique le sénateur Alberic de Montgolfier, qui le préside. [Il se félicite des “nombreuses réconciliations” qui ont eu lieu depuis le début du projet il y a deux ans et demi entre “des visions qui pouvaient s’opposer”. [Au menu de la rénovation annoncée : un parcours aéré pour les touristes et les fidèles du monde entier autour d’un axe central épuré, de la nef au chœur, qui accueille 2 400 offices et 150 concerts annuels avec un “nettoyage en profondeur” des 14 chapelles, déjà vétustes avant l’incendie. [Ce nettoyage devrait permettre de redécouvrir les “Mays”, grands tableaux d’autel commandés chaque année à de grands artistes, entre 1630 et 1707, par la corporation des orfèvres qui les offrait à la cathédrale.

Conservateur général honoraire du patrimoine et grand ami du peintre français Pierre Soulages, Alfred Pacquement, est partisan d’un renouveau “qui respecte l’architecture, l’histoire et le caractère sacré” de l’édifice religieux. [A tel point qu’il “trouverait dommage que rien ne change.”