L’économie française s’est arrêtée de manière inattendue au cours de la première partie de l’année en raison d’une combinaison de facteurs exacerbés par la guerre en Ukraine.

La hausse de l’inflation, la crise énergétique, la vague Omicron covid et les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont tous joué un rôle dans la stagnation de l’économie au premier trimestre, les chiffres de l’INSEE — l’Institut national français de la statistique — montrant une croissance nulle (0%).

Cela contraste avec l’estimation précédente de l’institut, qui était de 0,3 %, alors que le 12 avril dernier, la Banque de France prévoyait une légère augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 0,25 %.

Entre-temps, l’inflation a continué à augmenter — la première estimation de l’INSEE fait état d’un taux de 4,8% sur l’année. Cela fait suite à des hausses en glissement annuel de 3,6% en février et de 4,5% en mars, un record depuis les années 1980.

La hausse a été contenue en avril par une augmentation limitée des prix de l’énergie. Mais pour les services, les produits manufacturés et l’alimentation, les prix ont augmenté plus rapidement que les mois précédents.

La hausse des prix a affecté la confiance des consommateurs, les ménages réduisant leurs dépenses, notamment en matière d’hôtellerie, de restauration et d’habillement, ce qui a contribué à une forte baisse de 1,3 % au premier trimestre, déjouant les prévisions des économistes qui s’attendaient à ce qu’elle se maintienne.

Les espoirs d’une année forte s’amenuisent

“Le moteur de la croissance française s’est arrêté, alors qu’il avait à peine retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire”, a déclaré Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Allianz Trade.

“Cela montre que les consommateurs sont inquiets de la hausse des prix et de la perte de pouvoir d’achat”, a-t-elle ajouté.

Il existe néanmoins des “facteurs de résilience” dans l’économie française, estime Mme Boata, citant en exemple la forte résistance des secteurs de la construction et de l’investissement.

Parallèlement, la production de biens s’est accélérée après une période de stabilité, et le commerce extérieur a également continué à se redresser, bien qu’à un “rythme moins soutenu”, selon l’INSEE.

Le taux d’inflation de la France reste bien inférieur à celui de certains de ses voisins, comme l’Allemagne et l’Espagne. Cependant, le ralentissement plus marqué que prévu freine les espoirs d’une croissance forte cette année.

Le gouvernement n’a pas officiellement révisé sa prévision initiale de croissance de 4 %, mais le ministre de l’économie Bruno Le Maire a déjà reconnu que ce chiffre était dépassé.

Les perspectives pour l’économie française étaient beaucoup plus optimistes au début de l’année en raison de la forte reprise de l’année dernière, qui a vu une croissance de 7%.

Les derniers chiffres placent l’économie au cœur des priorités du prochain gouvernement après la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence.

Dans les mois à venir, l’évolution de la guerre en Ukraine et la position de la Banque centrale européenne (BCE) vis-à-vis de l’inflation seront déterminantes pour savoir si les perspectives de l’économie française s’améliorent ou non.