(de gauche à droite) La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo, le Président français Emmanuel Macron et le Président tunisien Kais Saied arrivent pour l'ouverture du 18ème Sommet de la Francophonie sur l'île tunisienne de Djerba.

(de gauche à droite) La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo, le Président français Emmanuel Macron et le Président tunisien Kais Saied arrivent à l’ouverture du 18e Sommet de la Francophonie sur l’île tunisienne de Djerba, le 19 novembre 2022. Photo : FETHI BELAID / AFP

Alors que la réunion de deux jours et un forum économique associé seront officiellement axés sur la technologie et le développement, c’est aussi une occasion pour les dirigeants occidentaux et africains de discuter de questions telles que l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) devait être “un espace de résistance et de reconquête” et a appelé à ce qu’elle se réapproprie son rôle.

Le bloc a été critiqué pour ne pas avoir utilisé son influence pour résoudre les crises.

Macron a noté qu’en Afrique du Nord, l’utilisation du français a diminué au cours des dernières décennies.

“L’anglais est une nouvelle langue commune que les gens ont acceptée”, a-t-il déclaré. Mais, a-t-il ajouté, “(le français) est la langue universelle du continent africain.”

Une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le président sénégalais Macky Sall et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, participent au sommet sur l’île de Djerba, dans le sud de la Tunisie.

De nombreux pays africains ont décrié ce qu’ils considèrent comme un manque de solidarité internationale face aux crises sur leur continent, ce qui contraste fortement avec le soutien rapide des nations européennes à Kiev.

Le sommet coïncide avec la phase finale des négociations de l’ONU sur le climat en Egypte.

Il intervient également quelques jours après que les dirigeants du G20, qui regroupe les principales économies développées et émergentes, se sont réunis en Indonésie pour des discussions dominées par la guerre en Ukraine, qui est un État observateur de l’OIF.

Normalement organisée tous les deux ans, la réunion a été reportée en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Elle a de nouveau été reportée l’année dernière après que Saied ait limogé le gouvernement et suspendu le parlement, puis dissous entièrement la législature.

Le chercheur politique français Vincent Geisser a déclaré que l’organisation du sommet est un succès pour Saied, qui a accueilli une série de dirigeants sur un tapis rouge samedi matin.

Geisser a déclaré que la réunion aiderait Saied à “sortir de son isolement – au moins temporairement” après que le Canada, la France et d’autres nations développées aient appelé Saied l’année dernière à restaurer “l’ordre constitutionnel”.

Coopération économique

Le sommet célébrera tardivement le 50e anniversaire du groupe, qui compte désormais 88 membres, dont certains, comme l’Arménie et la Serbie, ne sont pas tous francophones.

La communauté francophone mondiale compte environ 321 millions de personnes et devrait atteindre 750 millions en 2050.

La secrétaire générale Louise Mushikiwabo, du Rwanda, a déclaré que le bloc est “plus pertinent que jamais” et capable d’apporter une valeur ajoutée à “la plupart des problèmes du monde”.

Elle a déclaré à l’AFP qu’elle demanderait aux Etats membres de “redoubler d’efforts” face au déclin de l’utilisation du français dans les organisations internationales.

Mushikiwabo a rappelé que la promotion “de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme” fait également partie de la mission de l’OIF.

Alioune Tine, une figure de la société civile sénégalaise, a toutefois déclaré que le groupe s’est montré “totalement impuissant face aux élections frauduleuses, aux troisièmes mandats (des dirigeants africains) et aux coups d’État militaires” au Mali, en Guinée, au Tchad, au Togo et au Togo.
et au Burkina Faso.

Le coordinateur du sommet, Mohamed Trabelsi, a déclaré à l’AFP que la réunion était “une reconnaissance du rôle de la Tunisie dans l’espace francophone, et de sa diplomatie régionale et internationale”.

C’est aussi une occasion de “renforcer la coopération économique”, a déclaré M. Trabelsi.

Mais un responsable du Canada, poids lourd de l’OIF, a déclaré qu’Ottawa voulait se faire l’écho des “préoccupations” concernant la “participation démocratique” suite à la prise de pouvoir de Saied dans la seule démocratie issue des soulèvements du Printemps arabe il y a plus de dix ans.

La Tunisie est confrontée à une profonde crise économique qui a poussé un nombre croissant de ses habitants à tenter de rejoindre l’Europe.

Cherchant à attirer l’attention des délégués sur cette question, des centaines de manifestants ont tenté vendredi de mettre en lumière la disparition de 18 Tunisiens à bord d’un bateau parti en septembre.

La police les a empêchés d’atteindre Djerba.