Foyers et bureaux chauffés à 19°C maximum ; pas d’eau chaude dans les bâtiments publics ; pas de publicité lumineuse pendant la nuit ; interdiction de laisser les portes ouvertes dans les magasins chauffés ou climatisés ; réduction des températures dans les piscines et les salles de sport : voici quelques exemples des mesures prises par la France pour économiser l’énergie.

Le gouvernement a dévoilé “15 mesures phares” dans le cadre d’un plan d’efficacité énergétique pour passer l’hiver sans pannes – et aussi préparer le pays à des économies à long terme beaucoup plus importantes pour faire face à l’urgence climatique.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, a appelé à une “mobilisation générale” de tout le pays pour atteindre une “réduction de 10% de la consommation d’énergie” d’ici deux ans, par rapport à 2019.

Elle l’a décrit comme un “premier pas” vers une réduction de 40 % d’ici 2050, recommandée par les experts du climat pour que le pays devienne neutre en carbone.

Les mesures concernent les services publics, les entreprises, les logements, les transports et les installations sportives. Elles préconisent de réduire le chauffage et l’éclairage, d’encourager le travail à distance lorsqu’il est économe en énergie et d’introduire des incitations au covoiturage.

La pièce maîtresse de ce que l’on appelle le “plan de sobriété” est la recommandation d’une température intérieure de 19°C, qui fait en fait partie du code de l’énergie depuis 1978.

“Il n’y a pas d’obligation dans le sens où il n’y aura pas de police des températures”, a précisé le ministre, appelant également à ajuster d’une quinzaine de jours le début et la fin de la période de chauffage hivernal.

Cela a entraîné un avertissement de la part du groupe de campagne Réseau Action Climat (Réseau Action Climat) contre l’inefficacité des mesures volontaires non appliquées. Le gouvernement a répondu qu’il surveillerait la consommation hebdomadaire de gaz et d’électricité.

Conscient de la nécessité de montrer l’exemple, l’État alloue 150 millions d’euros pour assurer la rénovation des chaudières et l’installation de thermostats dans les bâtiments publics.

Pour expliquer la décision de réduire la consommation d’eau chaude, le ministère de la Fonction publique indique que le chauffage de l’eau représente 10% de l’énergie utilisée dans les bâtiments publics et que la consommation d’énergie de l’Etat est équivalente à celle de la ville de Paris.

Le ministère a également annoncé une augmentation de 15% de l’allocation pour le travail à domicile pour les employés publics (à 2,88 euros par jour) – mais seulement si la pratique permet de fermer les bâtiments pendant plusieurs jours d’affilée, ce qui permet de couper le chauffage.

Le plan pour les installations sportives prévoit de diminuer le chauffage des installations publiques, de réduire d’un degré la température de l’eau des piscines et de deux degrés celle des gymnases, et de modérer l’éclairage avant et après les rencontres sportives.

Les stations de montagne vont également réduire la vitesse des remontées mécaniques aux heures creuses et produire moins de neige artificielle, a indiqué l’organisme gestionnaire des stations de ski.

Le ministre Pannier-Runacher, a souligné que le plan impliquait un “effort concerté” dans le monde économique, et n’était pas un “environnementalisme punitif”.

Entre-temps, le président Emmanuel Macron a déclaré aux chefs d’entreprise que le pays tout entier doit travailler ensemble.

“Si l’ensemble de la nation parvient à tenir cet objectif, qui est purement volontaire – il n’y a pas besoin d’un décret légal, ni de choses compliquées – si nous nous rassemblons tous pour nous y tenir, dans le pire des cas, nous passerons l’hiver”, a déclaré le président.

Bien que la France soit moins dépendante du gaz russe que ses voisins de l’Est comme l’Allemagne, la production d’énergie nucléaire française s’est effondrée alors que le secteur s’efforce de mettre en service un plus grand nombre de ses réacteurs vieillissants après une maintenance forcée.

Le Premier ministre Elisabeth Borne a déclaré que la France continuerait à soutenir l’Ukraine contre l’agression russe, malgré les sacrifices que cela pourrait impliquer en termes d’économies d’énergie.