Sac à dos bien attaché, smartphone à la main, Géraldine Vallée zigzague à travers la foule de fêtards au Hellfest, un festival de heavy metal dans l’ouest de la France.

D’un œil collé à l’écran, la bénévole surveille une application par laquelle les festivaliers peuvent signaler une agression sexuelle ou un comportement inapproprié. Si on fait appel à elle, elle est prête à s’attaquer aux abus et à soutenir les victimes sous quelque forme que ce soit.

Vallée, 26 ans, est membre de “Hellwatch”, une brigade de volontaires innovante mise en place par le Hellfest pour aider les gens à se sentir en sécurité et à prévenir les dommages lors de leur festival.

“Lorsqu’une alerte est affichée, nous la géolocalisons et l’équipe la plus proche se rend immédiatement sur place”, explique Vallée, qui porte un t-shirt orange et blanc marqué “Hellwatch”. Son haut est également orné d’une image de Valkyrie, une femme guerrière de la mythologie nordique.

Grâce à l’application Safer, les fêtards peuvent lancer une alerte en fonction du degré d’urgence qu’ils ressentent, avec des options telles que “Je suis gêné”, “Je suis harcelé” ou “Je suis en danger”.

Vallée est l’un des 60 bénévoles (30 pour chacun des deux week-ends de l’événement), qui patrouillent en petites équipes sur les nombreuses scènes, dans les bars et les douches du Hellfest.

Pendant le premier week-end du festival en Loire-Atlantique, entre le 17 et le 19 juin, plusieurs signalements ont été faits sur l’application, selon le responsable de l’équipe “Hellwatch”, David Alglave.

Des jeunes femmes ont notamment affirmé avoir été touchées par des hommes dans des foules denses et agitées. D’autres ont mentionné des gestes inappropriés sous les jets d’eau installés pour rafraîchir les festivaliers.

Les organisateurs du Hellfest ont demandé à Alglave, un psychologue clinicien, de mettre en place la brigade de vigilance, après que de nombreuses femmes ont déclaré sur les médias sociaux avoir subi des abus sexuels lors du festival en 2019.

“L’ambiance du Hellfest a toujours été fraternelle et bienveillante. Mais comme tous les festivals, nous ne sommes pas à l’abri de comportements inacceptables”, ont déclaré les organisateurs de l’événement, ajoutant qu’ils voulaient “prendre les devants” suite aux témoignages en ligne des femmes.

La majorité de l’équipe de Hellwatch est composée de jeunes collègues d’Alglave et d’étudiants en psychologie. Les volontaires sont “capables de recueillir la parole de victimes en état de choc”. Tous sont formés avant le festival à la prise en charge des violences sexistes et sexuelles.

Alglave affirme que la seule présence de Hellwatch peut dissuader les comportements inappropriés, mais dans une “certaine mesure.”

Cependant, l’équipe de Hellwatch, qui n’en est qu’à sa première année d’existence, affirme que son initiative est en constante évolution et qu’elle envisage de s’étendre au camping du festival.

“Le but est de ne pas se sentir vulnérable juste parce que vous êtes une femme”, a déclaré Alglave. “Jamais, nulle part”.