La France lance un débat national sur le droit de mourir

Le Français Alain Cocq en 2021. Cocq souffre d’une maladie orpheline incurable, a écrit au président Macron pour demander le droit de mourir en 2020. (Photo par JEFF PACHOUD / AFP)

Macron, après une rencontre avec l’actrice et éminente militante du droit à mourir Line Renaud, a annoncé le lancement d’un conseil citoyen sur le sujet, tandis que le Comité national d’éthique pour la santé et les sciences de la vie – qui examine des questions éthiques complexes – a rendu un avis favorable opinion sur le droit de mourir.

La France est en retard sur certains de ses voisins européens en matière de « droit de mourir » et le sujet a fait l’objet de nombreuses controverses, notamment en 2019, lorsqu’un haut tribunal français a ordonné qu’un patient paralysé dans un état végétatif depuis plus d’une décennie devrait être autorisé à mourir.

En 2020, un homme en phase terminale, Alain Cocq, a écrit au président français Emmanuel Macron, demandant le droit de prendre un médicament qui lui permettrait de mourir paisiblement. En réponse, Macron a déclaré à Cocq qu’une telle demande n’est “actuellement pas autorisée dans notre pays”.

Pourtant, mardi, la question a repris de l’ampleur lorsque le Comité national d’éthique pour la santé et les sciences de la vie a rendu son avis sur le droit à mourir.

Les membres ont jugé qu’il est possible de créer une « assistance active à la mort » si elle est strictement encadrée.

Le CCNE existe en tant qu’instance consultative française, destinée à « donner des avis sur les problèmes éthiques et les questions de société » liés aux progrès de la biologie, de la médecine et de la santé. Ils se sont penchés sur plusieurs sujets, tels que l’expérimentation sur l’homme, la recherche sur l’embryon et le consentement par rapport à l’information génétique.

Après plus d’un an d’examen de la légalisation de l’euthanasie en France, l’instance a rendu son jugement définitif selon lequel “il existe une voie vers une application éthique de l’aide active à mourir”.

L’avis intervient peu de temps après que le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention de lancer un conseil citoyen sur le droit de mourir, avant de proposer une nouvelle législation en 2023.

Voici ce que dit la loi française à ce sujet :

Depuis septembre 2022, la loi française interdit l’euthanasie active et le suicide assisté, conformément à la loi Claeys-Leonetti de 2016.

Ces termes ont des significations différentes et ne doivent pas être confondus – l’euthanasie est définie comme un médecin autorisé par la loi à mettre fin à la vie d’une personne par un moyen indolore, tant que la personne et sa famille sont d’accord. Le suicide assisté, en revanche, est défini comme un médecin aidant une personne à se suicider si la personne le demande.

Il y a aussi l’euthanasie passive et active, bien que souvent, lorsque la légalisation de l’euthanasie est discutée, c’est cette dernière qui est envisagée. De nombreux pays à travers le monde autorisent l’euthanasie “passive”, c’est-à-dire lorsque “les professionnels de la santé ne font pas quelque chose de nécessaire pour maintenir le patient en vie, ou lorsqu’ils arrêtent de faire quelque chose qui maintient le patient en vie”.

À l’inverse, «l’euthanasie active» se produit lorsqu’un médecin ou une autre partie fait quelque chose qui provoque la mort du patient.

En France, les patients sont légalement autorisés à refuser ou à arrêter un traitement. S’ils ne peuvent pas exprimer leurs propres souhaits, la décision peut être prise par une équipe de plusieurs médecins.

Les patients en phase terminale ont également droit à une “sédation profonde et continue”. Cela implique l’arrêt du traitement en cours, la sédation du patient et la fourniture d’analgésiques et de soins palliatifs.

Les patients ont également le droit de laisser des « directives anticipées » – ou des instructions pour l’événement où ils ne sont plus en mesure de s’exprimer. Le formulaire est signé et daté, et devrait lier les médecins. Il permet au patient de dicter les soins de fin de vie en ce qui concerne la poursuite, la limitation ou le refus d’un traitement médical. Le Conseil d’État français a réaffirmé cette partie de la loi en 2018, ce que le CCNE a accepté. Cependant, les deux ont souligné la nécessité d’accroître l’accès aux soins palliatifs.

Le président Emmanuel Macron s’est déclaré “favorable à une évolution vers le modèle belge” mais son “avis personnel sur le sujet n’a pas d’importance”, selon Sudouest.

La Belgique a légalisé l’euthanasie active en 2002, tandis que plusieurs autres voisins de la France, dont les Pays-Bas et la Suisse, autorisent le suicide assisté.

Le conseil citoyen que Macron entend lancer aura six mois pour réfléchir au modèle juridique actuel. Après quoi, le sujet sera soit proposé au Parlement, en prenant comme point de départ le texte rédigé par le conseil, soit il pourra être soumis à référendum. Cependant, le président français ne prévoit pas de modifier la loi avant la fin de 2023.

Principaux termes français à connaître sur le « droit de mourir »

  • Une aide active à mourir
  • Droit à mourir – Droit de mourir
  • Sédation profonde – Sédation profonde et continue
  • Suicide assisté – Suicide assisté
  • Soins palliatifs – Soins palliatifs