Les procureurs français ont ouvert une enquête lundi sur les violences qui ont éclaté lors du premier meeting de campagne du candidat d’extrême droite à la présidence Eric Zemmour.

L’auteur de 63 ans et ancien expert de la télévision, condamné à plusieurs reprises pour discours haineux, a officiellement lancé sa campagne la semaine dernière pour l’élection présidentielle d’avril.

La police a arrêté environ 60 personnes après que des poings et des chaises aient volé et que des militants antiracistes aient été blessés lors du rassemblement de Zemmour avec des milliers de partisans au nord de Paris dimanche.

Un groupe antiraciste a publié une vidéo sur Twitter montrant ses membres, habillés en noir avec “Non au racisme” sur leurs pulls, frappés par des personnes présentes au rassemblement et sortis brutalement de la salle.

Au moins deux personnes étaient en sang, a rapporté l’agence de presse AFP dimanche.

Les échauffourées se sont poursuivies à l’extérieur de la salle entre les militants antiracistes et les agents de sécurité, a rapporté AP.

“En quelques secondes, des chaises ont été lancées, des militants mis à terre et battus. Ils se sont retrouvés avec des plaies ouvertes – pour au moins deux d’entre eux – tandis que d’autres ont reçu des coups. En France, en 2021, quand on vient à un meeting pour dire non au racisme, on se retrouve avec la tête en sang”, a déclaré à l’AFP Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

“Ce candidat déchaîne la haine dans son sillage”, a déclaré M. Sopo, ajoutant que les militants porteront plainte suite à l’incident.

L’enquête porte également sur l’agresseur de Zemmour

En plus de la violence visant les militants antiracistes, le bureau du procureur a déclaré qu’il enquêtait également sur une attaque contre Zemmour lui-même.

Des images vidéo ont montré un homme surgissant de la foule, les bras tendus, alors que le candidat traversait la foule lors du rassemblement.

L’homme semble avoir brièvement passé ses bras autour du cou de Zemmour avant d’être éloigné.

Impossible n’est pas français

Lors du meeting, Zemmour a dévoilé le slogan de sa campagne : “Impossible n’est pas français”, une citation attribuée à Napoléon, ainsi que le nom de son parti : “Reconquête”.

“L’enjeu est énorme”, a déclaré Zemmour. “Si je gagne cette élection, ce ne sera pas une alternance (politique) de plus, mais le début de la reconquête du plus beau pays du monde.”

Les partisans présents au rassemblement ont chanté l’hymne national français, crié “Zemmour, président !” et “Nous gagnerons !” tout en brandissant le drapeau français tricolore.

Les journalistes d’une émission de télévision française couvrant la politique ont été hués et insultés par les partisans de Zemmour avant son discours, ce qui les a amenés à être brièvement escortés hors de la salle par des agents de sécurité. Ils sont revenus peu après, mais Zemmour a sévèrement critiqué les médias dans son discours.

“Ils inventent des polémiques sur des livres que j’ai écrits il y a 15 ans, ils fouillent dans ma vie privée, me traitent de toutes sortes de noms…. Mes adversaires veulent ma mort politique, les journalistes veulent ma mort sociale et les djihadistes veulent ma mort”, a-t-il déclaré.

Des milliers de personnes manifestent à Paris

Le rassemblement, qui devait initialement avoir lieu dans une salle de concert parisienne, a été déplacé dans un centre d’exposition plus grand dans une banlieue nord de la capitale.

Le déplacement a été motivé par des raisons de sécurité, une manifestation contre Zemmour ayant eu lieu dimanche dans la capitale française.

La marche était organisée par plus de 50 organisations, dont des partis politiques d’extrême gauche, des syndicats et des groupes antiracistes. La police avait craint d’éventuels affrontements avec les partisans d’extrême droite de Zemmour.

Dans le quartier populaire parisien de Barbes, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue dimanche, marchant derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire “Paris fera taire l’extrême droite.”

Zemmour a gagné en force sur la scène politique française ces derniers mois, commençant à siphonner les partisans de la leader du Parti national d’extrême droite Marine Le Pen, qui a longtemps dit qu’elle se présenterait à la présidence française l’année prochaine.

Le premier rassemblement de Zemmour intervient un jour après que le principal parti de droite français “Les Républicains” ait choisi Valérie Pécresse, la chef de la région parisienne et ancienne ministre de 2007 à 2012, comme candidate à la présidence.

Le président français Emmanuel Macron, qui a battu Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, devrait briguer un second mandat, mais il n’a pas encore déclaré sa candidature.

Le leader d’extrême gauche du parti France rebelle, Jean-Luc Mélenchon, qui brigue la présidence pour la troisième fois, a également organisé un rassemblement dimanche, réunissant plusieurs milliers de partisans à Paris.

Parmi les autres candidats à la présidence de la gauche, citons la maire de Paris Anne Hidalgo pour le parti socialiste et le député européen vert Yannick Jadot.