La pression s'accentue sur la France après la Ligue des champions - Vidéosurveillance supprimée

Le maire de Liverpool, Steve Rotheram (à gauche), est affiché sur un écran lors d’une audience sur les incidents survenus au Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions (Photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP).

La Fédération française de football a révélé jeudi à une commission du Sénat français que les images avaient été détruites automatiquement, n’ayant pas fait l’objet d’un mandat des autorités judiciaires, conformément à la loi française.

Cette révélation ajoute à la controverse après les problèmes de contrôle de la foule, les gaz lacrymogènes et la délinquance de rue qui ont entaché la finale au Stade de France de Paris entre Liverpool et le Real Madrid le 28 mai.

La réputation de la France a été mise à mal, comme l’indique un rapport du gouvernement publié vendredi.

Le rapport indique que la “chaîne de défaillances” des autorités françaises a infligé de “graves dommages” à l’image du pays.

Les politiciens de l’opposition ont profité des dernières révélations sur les images de vidéosurveillance pour marteler les autorités.

“Cela s’appelle brouiller les pistes”, a déclaré Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (extrême droite), sur BFMTV vendredi.

“Le fait qu’il n’y ait pas d’images de vidéosurveillance permet de couvrir leurs énormes mensonges”, a ajouté Mme Le Pen, pointant du doigt l’affirmation initiale du gouvernement français selon laquelle de faux billets à “échelle industrielle” ont provoqué le pandémonium.

La police a demandé au Stade de France les images, mais seulement jeudi soir après qu’il ait été rendu public que les images avaient été détruites, a déclaré vendredi à l’AFP une source proche du dossier.

“L’information d’hier selon laquelle les images ne seraient pas conservées pendant un mois, mais seulement quelques jours, nous a conduits à les demander”, a déclaré le parquet de Bobigny, en charge de l’enquête sur les faux billets.

L’État de France est autorisé à conserver les images de vidéosurveillance pendant un maximum de 30 jours, mais les serveurs n’ont la capacité de les stocker que pendant sept ou huit jours.

Sur Twitter, la police française a déclaré jeudi que les images prises par les caméras du Stade de France pourraient ne plus exister mais que la police disposait toujours de leurs images.

Mais le vice-président socialiste de la commission des lois du Sénat, David Assouline, a déclaré vendredi sur Franceinfo qu’il était “stupéfait” par cette nouvelle, ajoutant qu’elle démontrait un “incroyable manque de coordination” entre la police et les politiques.

Scandale d’Etat

Le maire de Liverpool, Steve Rotheram, interrogé par la commission sénatoriale après la délégation de la FFF, a déclaré qu’il ne parvenait pas à “comprendre pourquoi les vidéos ont été détruites”.

“On va tout droit vers un scandale d’État”, a déclaré à la radio RFI le chef de la faction d’opposition Les Républicains (LR) au Sénat, Bruno Retailleau, ajoutant que la destruction des images de vidéosurveillance était un “acte intentionnel (…) pour faire disparaître des preuves”.

Mais la députée du parti au pouvoir Aurore Berge a déclaré sur la radio RMC qu’il y avait suffisamment d’éléments pour l’enquête.

“Nous avons beaucoup de témoignages et d’images qui devraient quand même guider (les enquêteurs)”, a déclaré Mme Berge.

Jeudi, le chef de la police parisienne Didier Lallement a reconnu devant la commission sénatoriale d’enquête sur le chaos du 28 mai que les opérations de sécurité pour la finale de la Ligue des champions étaient un “échec”.

“C’est un échec parce que des gens ont été bousculés et agressés. C’est un échec parce que l’image du pays a été ternie”, a-t-il déclaré.

Lallement et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont d’abord imputé la pagaille à quelque 40 000 supporters de Liverpool qui se sont massés au stade sans billets ou avec des billets contrefaits.

Ce chiffre a été largement contesté depuis par des témoins et des médias utilisant des images du terrain, et M. Lallement a admis hier : “J’ai peut-être fait une erreur dans le chiffre que j’ai donné au ministre”.

Il a reconnu qu’il n’y avait pas 30 000 à 40 000 personnes “aux portes du stade” mais a maintenu que plusieurs milliers de personnes se trouvaient “à proximité” des barrages de police du Stade de France, au nord de la capitale.

De nombreux supporters de Liverpool ont eu du mal à entrer dans le stade, ce qui a entraîné un retard de plus d’une demi-heure sur le coup d’envoi et des affrontements aux portes d’entrée, où la police a tiré des gaz lacrymogènes.

La décision initiale du gouvernement de rendre les supporters de Liverpool responsables des problèmes a provoqué des tensions entre la France et la Grande-Bretagne, tout en soulevant des questions sur la capacité de Paris à accueillir la Coupe du monde de rugby l’année prochaine et les Jeux olympiques en 2024.