Le président français Emmanuel Macron a appelé au calme après qu’une figure indépendantiste corse a succombé à ses blessures suite à une attaque en prison.

Yvan Colonna est décédé lundi soir dans un hôpital de Marseille, trois semaines après avoir été agressé par un autre détenu.

La figure nationaliste purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat en 1998 de Claude Érignac, un haut fonctionnaire corse.

Colonna – qui a toujours nié les accusations – a été arrêté en 2003 après une chasse à l’homme de cinq ans qui l’a finalement retrouvé vivant comme berger dans les montagnes corses.

Selon les enquêteurs, l’homme de 61 ans a été étranglé par un détenu “djihadiste” dans le gymnase de la prison d’Arles le 2 mars et est resté dans le coma.

Un homme de 36 ans — qui avait été incarcéré pour “association de malfaiteurs terroristes” — a été mis en examen pour tentative de meurtre.

Lors de son interrogatoire, il a accusé Colonna de “blasphémer” le prophète Mahomet.

La violente attaque a déclenché une colère générale en Corse, avec des émeutes et des affrontements entre la police et les manifestants.

Les indépendantistes de l’île ont longtemps demandé que Colonna soit transféré d’une prison du continent et ont accusé la France de “responsabilité d’Etat” dans cette attaque.

Les tensions liées à l’agression de Colonna ont abouti à des émeutes à Bastia le 13 mars, qui ont fait 102 blessés, dont 77 policiers. Les autorités françaises ont exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité que sa mort puisse déclencher de nouvelles violences sur l’île méditerranéenne.

A Ajaccio, plusieurs centaines de protestataires se sont rassemblés pour une manifestation pacifique mardi après la mort de Colonna.

Certains ont allumé des bougies devant la cathédrale de la ville, tandis que d’autres tenaient une bannière sur laquelle on pouvait lire “Yvan martiriu di à causa corsa” (“Yvan est un martyr de la cause corse”).

“Sa mort est une injustice et une tragédie, qui marquera l’histoire contemporaine de la Corse et de son peuple”, a tweeté Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse.

L’assassinat de Colonna a également suscité des hommages en Espagne, notamment de la part de l’Assemblée nationale de Catalogne et de responsables du Pays basque.

L’incident a également suscité un nouveau débat sur l’autonomie de la Corse, avant l’élection présidentielle française du mois prochain.

Le président Macron a appelé au “calme et à la responsabilité” en Corse et a assuré que la mort de Colonna aurait des “conséquences”.

“Le plus important est que le calme soit maintenu”, a-t-il déclaré à France Bleu mardi.

Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a promis qu’une enquête permettrait de “faire la lumière sur les événements qui ont conduit à cette situation inacceptable”.

Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait passé trois jours en Corse pour tenter d’apaiser la colère, tandis que la peine de prison de Colonna a été suspendue pour “raisons médicales”.

Mais les rivaux de Macron à la présidentielle ont accusé le gouvernement de faiblesse face à la violence et à l’inaction de ces cinq dernières années.

“De nombreuses questions” ont été soulevées par les “circonstances” de l’attaque, a déclaré la candidate du Rassemblement national d’extrême droite Marine Le Pen.

Dans le même temps, la candidate conservatrice Valérie Pécresse a appelé à “un retour à l’ordre en Corse.”

“J’appelle tous nos compatriotes corses au calme et à la retenue”, a-t-elle déclaré lundi soir.