Les troupes alliées dirigées par la France vont se retirer du Mali en raison de désaccords avec le gouvernement de transition du pays.

Le bureau du président français Emmanuel Macron a annoncé dans un communiqué que le gouvernement avait entravé le travail des forces européennes et canadiennes basées dans le pays pour combattre les groupes terroristes qui y opèrent.

La France a actuellement environ 4 300 soldats déployés dans la région du Sahel – dont plus de la moitié au Mali – dans le cadre de son opération anti-djihadiste Barkhane, lancée en 2013 à la suite d’une demande des autorités maliennes.

Elle est assistée par la Task Force Takuba qui comprend 800 soldats de la République tchèque, du Danemark, de l’Estonie, de la France, de l’Italie, de la Hongrie, des Pays-Bas, du Portugal et de la Suède.

Une force de maintien de la paix de l’ONU de 15 000 hommes, la MISNUMA, est également basée au Mali.

L’annonce, qui intervient au début d’un sommet de deux jours entre l’Union européenne et l’Union africaine, était largement attendue à la suite des pressions exercées par la junte militaire malienne, arrivée au pouvoir après deux coups d’État et qui a attisé le sentiment antifrançais dans la nation ouest-africaine.

La junte a expulsé l’ambassadeur de France au Mali il y a deux semaines, invoquant des déclarations “hostiles” de responsables français à leur encontre. Quelques jours plus tard, elle a demandé au Danemark de retirer “immédiatement” ses 90 soldats du pays, arguant qu’ils étaient arrivés “sans son consentement”.

Les pays occidentaux ont également critiqué l’utilisation d’une milice privée russe, Wagner, réputée proche du Kremlin.

Les partenaires internationaux et les pays africains ont indiqué dans leur communiqué qu’ils “regrettent” que les autorités maliennes de transition n’aient pas encore respecté leur engagement auprès de l’organisation ouest-africaine CEDEAO “d’organiser des élections présidentielles et législatives avant le 27 février 2022”.

“Nous exhortons les autorités maliennes à achever la période de transition et à organiser des élections libres, équitables et crédibles”, ont-ils déclaré.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lors d’une conférence de presse que le pays fermera ses trois bases militaires restantes au Mali “d’ici quatre à six mois.”

Il a ajouté que ce retrait “se fera de manière ordonnée, avec les forces armées maliennes et la Mission des Nations unies au Mali” et que “pendant cette période, nous maintiendrons nos missions de soutien à la Minusma”.

Il est prévu que jusqu’à 3 000 soldats français restent stationnés à travers le Sahel une fois le retrait du Mali achevé.

Macron a défendu l’implication de la France au Mali, déclarant qu’il “rejette catégoriquement la notion” d’échec, affirmant que sans l’intervention française en 2013 “vous auriez vu l’effondrement de l’État malien, à coup sûr.”

“La situation des groupes terroristes aujourd’hui est très différente de celle d’il y a huit ans”, a-t-il également souligné, citant l’assassinat de plusieurs chefs terroristes.

La déclaration des partenaires internationaux a souligné qu’ils ont accepté de “poursuivre leur action conjointe contre le terrorisme” dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le Golfe de Guinée, suite à une “demande de leurs partenaires africains”.

Les modalités de leur action commune doivent être précisées d’ici juin 2022.

Ils ont également déclaré qu'”afin de contenir l’expansion géographique des actions des groupes terroristes armés vers le sud et l’ouest de la région, les partenaires internationaux indiquent leur volonté d’envisager activement d’étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et de l’Afrique de l’Ouest, sur la base de leurs demandes.”

Le président sénégalais Macky Sall, également présent à la conférence de presse aux côtés de Macron, a déclaré aux journalistes qu’ils “comprennent cette décision” de se retirer du Mali et a salué l’annonce que certaines forces des partenaires internationaux seront redéployées dans la région.

“La lutte contre le terrorisme au Sahel ne peut pas être la seule responsabilité des pays africains”, a-t-il déclaré. “Nous sommes heureux que l’engagement ait été renouvelé pour rester dans la région et réorganiser le dispositif.”