Un tribunal français se prononce sur l'apparence du fromage à rayures

(Photo par ALAIN JOCARD / AFP)

La rayure au milieu d’une meule de Morbier français bénéficie désormais d’une protection juridique après un arrêt de la Cour d’appel de Paris, qui a estimé que l’article 13 du règlement européen protège également une caractéristique particulière d’un produit.

“L’aspect visuel du fromage Morbier, avec sa bande centrale et horizontale, est suffisamment spécifique pour être protégé, au même titre que la dénomination “morbier””, a jugé la Cour.

Le nom du fromage et sa recette sont protégés depuis 2002 par l’acronyme AOP (appellation d’origine protégée), mais le Syndicat interprofessionnel du morbier militait depuis une décennie pour un élargissement de la protection, en raison de nombreuses contrefaçons.

La bande dans le fromage n’est pas de la moisissure, comme certains peuvent le croire. Il s’agit d’une fine couche de cendres qui a commencé à être ajoutée à la fin du 18e siècle, lorsque les hivers rigoureux du Jura ont fait que les livraisons de lait ne pouvaient pas toujours parvenir aux fabricants de Comté.

En conséquence, les agriculteurs jurassiens ont commencé à fabriquer leurs propres fromages. Mais, comme ils n’avaient pas toujours assez de lait pour en fabriquer en quantité suffisante, ils le protégeaient en ajoutant une couche de charbon de bois sur le dessus afin que le lait reste frais jusqu’à la prochaine traite.

Aujourd’hui, les deux meules sont caillées séparément avant d’être réunies par la ligne de carbone.

“Demain, il n’y aura qu’un seul produit avec cette ligne sombre, cette ligne visuelle, qui est une caractéristique particulière de notre morbier. C’est unique, c’est inimitable, c’est vraiment notre histoire et c’est notre fromage”, a déclaré à BFM TV Joël Alpy, producteur de lait dans le Jura et président du Syndicat interprofessionnel du morbier.

La nouvelle n’est pas seulement bonne pour les producteurs de morbier car elle crée un précédent pour tous les autres producteurs de fromage.

“C’est la première fois que l’article 13 du règlement européen est utilisé, qui stipule que l’AOP protège le nom mais aussi une caractéristique particulière d’un produit qui peut induire le consommateur en erreur lors de l’acte d’achat”, explique Joël Alpy.