Un tribunal français bloque les burkinis dans les piscines municipales.

Des habitants de Grenoble manifestent le 16 mai contre l’autorisation du port du “burkini” (Photo JEFF PACHOUD / AFP)

Le tribunal administratif de la ville alpine de Grenoble a bloqué la modification du règlement par le conseil municipal, estimant qu’elle “porte gravement atteinte au principe de neutralité du service public”.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a salué la décision du tribunal comme une “excellente nouvelle” dans un message sur Twitter mercredi soir.

Cette décision est le dernier développement en date d’un litige de longue date qui oppose les défenseurs des valeurs laïques de la France à ceux qui affirment que l’interdiction du burkini constitue une discrimination.

Le maillot de bain tout-en-un, utilisé par certaines femmes musulmanes pour se couvrir le corps et les cheveux lorsqu’elles se baignent, est un sujet controversé en France où les critiques y voient un symbole d’islamisation rampante.

Le gouverneur de la région de l’Isère, dans le sud-est de la France, avait demandé au tribunal d’intervenir pour empêcher l’entrée en vigueur du changement de règlement en juin.

La nouvelle règle avait été défendue par le maire de Grenoble, Eric Piolle, l’un des politiciens Verts les plus en vue du pays, qui dirige une large coalition de gauche au niveau local.

Les modifications du règlement approuvées par le conseil municipal auraient autorisé tous les types de maillots de bain, et pas seulement les maillots traditionnels pour les femmes et les troncs pour les hommes. Les femmes auraient également été libres de se baigner les seins nus si elles le souhaitaient.

Batailles juridiques

Les juges ont rendu leur décision mercredi soir après avoir entendu les arguments plus tôt le même jour.

Dans leur jugement, ils ont déclaré que le changement de règlement du conseil signifie que certaines personnes peuvent invoquer des motifs religieux pour ne pas respecter le code vestimentaire habituel dans les piscines du conseil.

En vertu d’une nouvelle loi visant à contrer le “séparatisme islamiste” adoptée par le Parlement l’année dernière, le gouvernement peut contester les décisions qu’il soupçonne de porter atteinte à l’ordre public.

Les traditions laïques strictes de la France visant à séparer les religions de l’Etat.

Les tentatives de plusieurs maires locaux du sud de la France d’interdire le burkini sur les plages méditerranéennes à l’été 2016 ont déclenché la première tempête de feu autour du maillot de bain.

Les règles, introduites après une série d’attaques terroristes en France, ont finalement été invalidées comme étant discriminatoires.

Trois ans plus tard, un groupe de femmes à Grenoble a forcé l’entrée d’une piscine avec des burkinis, déclenchant une dispute politique.

La marque de sport française Décathlon s’est retrouvée au centre d’une controverse et a été contrainte en 2019 de renoncer à son projet de vendre un “hijab de sport” permettant aux femmes musulmanes de couvrir leurs cheveux pendant la course.

Le débat sur le burkini intervient alors que les footballeuses musulmanes françaises se battent pour faire annuler l’interdiction du port de symboles religieux pendant les matchs de compétition.

La Fédération française de football interdit actuellement aux joueuses de jouer en portant des symboles religieux “ostentatoires” tels que le hijab musulman ou la kippa juive.

Un collectif de femmes connu sous le nom de “les Hijabeuses” a lancé un défi juridique contre ces règles en novembre de l’année dernière.