Un député français renonce à interdire la corrida

Le député Aymeric Caron a abandonné sa tentative d’interdire la corrida en France. (Photo d’Alain JOCARD / AFP)

L’Assemblée nationale, qui compte 577 sièges, semblait prête à voter une proposition de loi qui aurait rendu cette pratique illégale.

Mais le député à l’origine de la proposition de loi l’a retirée après que les législateurs ont déposé plus de 500 amendements, dont beaucoup étaient destinés à prendre du temps au Parlement et à entraver le vote.

“Je suis vraiment désolé”, a déclaré Aymeric Caron, député de La France insoumise (LFI) et défenseur des droits des animaux, à l’Assemblée nationale en annonçant la décision dans des scènes bruyantes et de mauvaise humeur.

Bien que l’opinion publique soit fermement en faveur de l’interdiction de cette pratique, on s’attendait déjà à ce que le projet de loi soit rejeté par une majorité de législateurs qui, pour la plupart, n’étaient pas d’accord.

se méfient de l’agitation des foyers de tauromachie dans le sud du pays.

“Nous devons aller vers une conciliation, un échange”, a déclaré mercredi le président Emmanuel Macron, ajoutant qu’il ne s’attendait pas à ce que le projet de loi soit adopté. “De là où je suis, ce n’est pas une priorité actuelle”.

Son gouvernement a exhorté les membres de la coalition centriste au pouvoir à ne pas soutenir le texte de l’opposition LFI, même si de nombreux membres sont connus pour y être personnellement favorables.

Lors d’un premier débat de la commission des lois du Parlement la semaine dernière, une majorité a voté contre la proposition de Caron, qui a dénoncé la “barbarie” d’une tradition importée d’Espagne dans les années 1850.

“Caron s’est mis les gens à dos au lieu d’essayer d’arrondir les angles”, a déclaré à l’AFP un législateur du parti de Macron sous couvert d’anonymat.

Le projet de loi proposait de modifier une loi existante pénalisant la cruauté envers les animaux afin de supprimer les exemptions pour les corridas dont on peut démontrer qu’elles sont “locales ininterrompues”.
traditions locales”.

Celles-ci sont accordées dans des villes telles que Bayonne et Mont-de-Marsan dans le sud-ouest de la France et le long de la côte méditerranéenne, notamment à Arles, Béziers et Nîmes.

Environ 1.000 taureaux sont tués chaque année en France, selon l’Observatoire National des Cultures Taurines.

De nombreuses “villes taurines” dépendent des spectacles pour le tourisme et considèrent la culture de l’élevage de taureaux et le spectacle du combat comme faisant partie de leur mode de vie – idolâtré par des artistes comme Ernest Hemingway et Pablo Picasso.

Ils ont organisé des manifestations samedi dernier, tandis que des manifestants pour les droits des animaux se sont rassemblés à Paris – mettant en évidence le clivage nord-sud et rural versus parisien au cœur du débat.

“Caron, sur un ton très moralisateur, veut nous expliquer, depuis Paris, ce qui est bon ou mauvais dans le sud”, a récemment déclaré à l’AFP le maire de Mont-de-Marsan, Charles Dayot.

D’autres défenseurs de “la Corrida” en France considèrent que l’accent mis sur ce sport est hypocrite lorsque les fermes industrielles et les abattoirs industriels sont négligés.

“Ces animaux meurent aussi et on n’en parle pas assez”, a déclaré Dalia Navarro, qui a formé le groupe pro-corrida Les Andalouses dans le sud d’Arles.

La société moderne “a de plus en plus de mal à accepter de voir la mort. Mais la Corrida aborde la mort, qui est souvent un sujet tabou”, a-t-elle déclaré à l’AFP.

Les précédentes tentatives judiciaires pour interdire la corrida ont échoué à plusieurs reprises, les tribunaux rejetant régulièrement les procès intentés par les défenseurs des animaux, la dernière fois en juillet 2021 à Nîmes.

Le débat en France sur l’éthique de la mise à mort d’animaux pour le divertissement trouve un écho dans d’autres pays ayant une histoire de corrida, notamment l’Espagne et le Portugal ainsi que le Mexique, la Colombie et le Venezuela.

En juin, un juge de Mexico a ordonné la suspension indéfinie de la corrida dans les arènes historiques de la capitale, les plus grandes du monde.

La première corrida a eu lieu en France en 1853 à Bayonne en l’honneur d’Eugénie de Montijo, l’épouse espagnole de Napoléon III.