Des hommes politiques français de tous bords ont condamné lundi l’agression d’un député de Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire d’outre-mer de l’Atlantique Nord, par des manifestants contre le ticket modérateur Covid-19 du gouvernement.

Une vidéo circulant sur les médias sociaux montre Stéphane Claireaux, un député du parti au pouvoir du Président Emmanuel Macron, se faisant bombarder d’algues et de terre par des manifestants en colère devant son domicile sur ce territoire balayé par les vents au large de l’île canadienne de Terre-Neuve.

Les images sont “assez horribles. C’est un niveau supplémentaire de violence contre les élus”, a déclaré le ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, à la chaîne Public Senat.

L’attaque de dimanche est survenue quelques jours avant l’introduction du passeport santé à Saint-Pierre-et-Miquelon, qui compte moins de 6 000 habitants. Cette mesure, en place depuis longtemps en France métropolitaine, exige que les personnes présentent une preuve de vaccination ou un test de dépistage du coronavirus négatif pour entrer dans des espaces publics comme les bars.

“Il faut condamner ces attaques, parce que finalement c’est du totalitarisme si on soumet des élus locaux ou nationaux à des pressions physiques… Ce n’est pas acceptable dans une démocratie”, a déclaré M. Fesneau.

M. Claireaux avait auparavant déclaré à France Info qu’il attendait les manifestants devant son domicile “pour leur parler”.

“Il y avait une voiture chargée d’algues… et les gens ont commencé à me les jeter dessus. C’était comme être défoncé. Ma femme est sortie pour me rejoindre sur le perron. J’ai esquivé une pierre qui a manqué nos visages de cinq centimètres”, a-t-il déclaré.

Claireaux a ajouté qu’il allait engager des poursuites pénales contre les responsables.

“Les gens sont libres de penser que nous ne prenons pas les bonnes décisions. Nous recevons tous des menaces de mort par e-mail. A un moment donné, il faut que cela cesse”, a-t-il déclaré.

Christophe Castaner, chef du parti de Macron au parlement, a déclaré à la radio France Inter qu’il y avait eu 322 menaces contre des députés en 2021 – deux tiers d’entre elles contre le parti au pouvoir.

Les tensions sur les mesures sanitaires ont augmenté en France depuis que Macron a déclaré la semaine dernière qu’il prévoyait de “faire chier” les personnes non vaccinées jusqu’à ce qu’elles acceptent les vaccins.

“Certains anti-vaxx utilisent les déclarations provocatrices du président pour justifier leur violence. Mais rien ne peut les justifier. Ces actes sont profondément choquants, surtout en dehors du domicile privé d’une famille”, a déclaré Olivier Faure, chef du Parti socialiste.

De son côté, le député conservateur Eric Ciotti a déclaré que l’incident n’était qu’un parmi de nombreux “excès qui prennent une tournure extraordinairement inquiétante et dangereuse”, appelant à “de lourdes sanctions pour ceux qui utilisent la violence”.

Mais il a également attaqué Macron pour avoir “cherché le conflit, cherché la tension, cherché à diviser pour des raisons politiques”.