Un béluga échoué est sauvé de la Seine, en France.

Des sauveteurs remontent un filet pour secourir un béluga échoué dans la Seine à Notre Dame de la-Garenne, dans le nord de la France. Photo : JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Après près de six heures de travail de dizaines de plongeurs et de sauveteurs, le cétacé de 800 kilos a été sorti du fleuve par un filet et une grue vers 4 heures du matin et placé sur une barge sous les soins immédiats d’une dizaine de vétérinaires, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le béluga, une espèce protégée qui vit habituellement dans les eaux froides de l’Arctique, sera placé dans un camion réfrigéré et transporté vers la côte si les tests montrent qu’il est suffisamment en forme, a déclaré Isabelle Dorliat-Pouzet, secrétaire générale de la préfecture de l’Eure.

“Nous attendons les résultats de la prise de sang et des échographies et, en fonction des résultats, une décision sera prise pour savoir s’il doit ou non prendre le chemin de la mer”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse au bord de la rivière, une heure après la sortie de la baleine.

“Au moment où je vous parle, il est vivant, il est sur la barge, il a survécu. Il est soigné”, a déclaré Mme Dorliat-Pouzet.

“Nous avons pu constater que c’est un homme, qu’il est très maigre et qu’il a quelques plaies”, a-t-elle ajouté.

La baleine de quatre mètres a été repérée il y a plus d’une semaine en direction de Paris et s’est échouée à environ 130 kilomètres à l’intérieur des terres de la Manche, à Saint-Pierre-la-Garenne en Normandie.

Depuis vendredi, le déplacement de l’animal vers l’intérieur des terres était bloqué par une écluse à Saint-Pierre-la-Garenne, à 70 kilomètres au nord-ouest de Paris, et sa santé s’est détériorée après qu’il ait refusé de s’alimenter.

Mais son état était “satisfaisant”, a déclaré mardi à l’AFP Isabelle Brasseur, du parc animalier marin Marineland, dans le sud de la France.

Un bassin d’eau de mer situé dans une écluse du port de Ouistreham (Manche) a été préparé pour accueillir l’animal, qui y passera trois jours sous observation et sous traitement avant d’être relâché en pleine mer.

“Là, il aura, nous l’espérons, de meilleures chances de survie”, a déclaré le groupe de protection de la nature Sea Shepherd France, qui participe à l’opération.

Le béluga sera emmené en haute mer et relâché “assez loin des côtes” pour retrouver sa place dans la nature, a déclaré Dorliat-Pouzet.

“Aujourd’hui est un grand jour pour ce béluga et pour tous ceux qui ont participé à son sauvetage”, a déclaré Sea Shepherd sur son site internet.

L’opération “exceptionnelle” de remise à la mer n’est pas sans risque pour la baleine, déjà affaiblie et stressée, a déclaré M. Brasseur, membre d’une équipe de Marineland envoyée pour aider au sauvetage.

“Il se peut qu’elle meure maintenant, pendant la manipulation, pendant le voyage ou au point B”, à Ouistreham, a-t-elle dit.

Les 24 plongeurs impliqués dans l’opération et les sauveteurs manipulant les cordes ont dû essayer à plusieurs reprises entre 22h et 4h du matin d’attirer l’animal dans les filets pour le sortir de l’eau.

Alors que les préparatifs de l’opération étaient en cours, les gens se sont rassemblés le long des berges de la rivière pour observer.

“J’ai bon espoir qu’il atteigne la mer et qu’il ne finisse pas comme l’orque”, a déclaré Isabelle Rainsart, faisant référence à une orque qui a été repérée dans la Seine en mai mais qui est morte par la suite.

“Nous attendrons de voir comment se passe le transport, mais nous avons peut-être déjà réussi la partie la plus difficile”, a ajouté Isabelle Rainsart, qui a filmé le béluga pour la première fois le 2 août depuis son jardin donnant sur le fleuve.

L’intérêt pour le sort du béluga s’est étendu bien au-delà de la France, générant un afflux important de dons financiers et d’autres aides de la part de groupes de conservation ainsi que de particuliers, ont indiqué les responsables.

Bien que les bélugas migrent vers le sud à l’automne pour se nourrir lorsque la glace se forme dans leurs eaux arctiques natales, ils s’aventurent rarement aussi loin.

Selon l’observatoire français Pelagis, spécialisé dans les mammifères marins, la population de bélugas la plus proche se trouve au large de l’archipel du Svalbard, au nord de la Norvège, à 3 000 kilomètres de la Seine.

La baleine piégée est seulement le deuxième béluga jamais observé en France. Le premier avait été sorti de l’estuaire de la Loire dans le filet d’un pêcheur en 1948.