La France a critiqué le retour d’une travailleuse humanitaire dans le pays où elle a été prise en otage.

Sophie Pétronin, 76 ans, a été capturée par Al-Qaida en 2016 alors qu’elle travaillait à Gao, dans le nord-est du Mali.

Elle a été libérée en octobre 2020 lorsque le nouveau régime malien a échangé des dizaines de prisonniers djihadistes contre plusieurs otages.

Selon Mediapart, Pétronin est retournée au Mali en mars malgré le refus de visa. Le média a également rapporté ce week-end que les autorités maliennes ont émis un avis de recherche pour “l’appréhender”.

Pétronin, cependant, a rejeté les critiques, affirmant être “chez elle” au Mali.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français a déclaré aux journalistes mercredi que “bien sûr, nous déplorons le retour de Sophie Pétronin au Mali”.

“C’est une forme d’irresponsabilité par rapport à sa propre sécurité mais aussi par rapport à la sécurité de nos soldats”, a-t-il déclaré. “Lorsque nous avons des ressortissants qui sont pris en otage à l’étranger, ce sont nos soldats qui vont les secourir au péril de leur vie. Nous avons des soldats qui ont été tués dans des opérations de sauvetage d’otages qui avaient été faits prisonniers dans des pays étrangers. Donc nous devons aussi avoir du respect pour nos soldats”.

Il a ajouté que le ministère des Affaires étrangères suit la situation de “très près”.

Le site conseils du ministère pour les voyages au Mali met en garde contre des “menaces sérieuses à l’encontre des Occidentaux”, notamment “des actions violentes en représailles aux récentes victimes du terrorisme”.

Paris a annoncé en septembre que les troupes françaises avaient tué le chef de l’État islamique dans le Grand Sahara, un coup dur pour l’organisation terroriste. Des milliers de soldats français ont été déployés dans le Sahel – qui comprend le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad – depuis 2013 pour combattre les extrémistes islamiques et former les forces de l’ordre locales. Au moins 51 soldats français ont perdu la vie.

Le ministère souligne également que “la menace d’enlèvement est également élevée” notamment dans le centre et le nord du pays “où les ressortissants français peuvent avoir une “valeur marchande” pour les groupes terroristes.” Il précise que les déplacements dans certaines zones sont “absolument interdits.”

S’adressant à l’AFP peu après le point de presse d’Attal, Pétronin a rejeté les critiques : “Pourquoi être irresponsable ? Je suis chez moi ici”.

“Oui, je suis au Mali depuis un certain temps. Mais je ne suis pas inquiète et je ne suis pas préoccupée”, a-t-elle déclaré, ajoutant : “Je me porte bien. Et je suis heureuse d’être là où je suis. Je ne dérange personne et personne ne me dérange”.

“Je ne sais pas si l’on veut de moi et pourquoi”, a-t-elle également déclaré.

Plusieurs leaders politiques à droite de l’échiquier politique ont exprimé leur indignation face au retour de Pétronin au Mali, dont la candidate à la présidentielle Marine Le Pen.

“Ce comportement n’est pas seulement irresponsable et ingrat, il est indécent et indigne”, a déclaré le leader du Rassemblement national d’extrême droite. a écrit sur Twitter.

“200 djihadistes ont été libérés pour sauver Mme Pétronin de la captivité. Ces ennemis de la France ont pu prendre les armes contre nos soldats qui exposent leur vie pour notre sécurité”, a-t-elle ajouté.