Les candidats à l’élection présidentielle française de droite en quête de l’investiture du parti Les Républicains se sont attaqués lundi au président Emmanuel Macron lors du premier de plusieurs débats télévisés qui, espèrent-ils, dynamiseront leurs campagnes en perte de vitesse.

Plus de 100 000 membres du parti, dont les racines remontent au leader de l’après-guerre Charles de Gaulle, choisiront leur candidat lors d’un congrès le 4 décembre.

Cinq candidats ont pris part à trois heures de débat lundi soir qui ont vu un large consensus sur les thèmes traditionnels de la droite comme l’immigration, la délinquance et l’islam radical – ainsi que sur les insuffisances perçues de Macron.

L’ancien négociateur européen du Brexit, Michel Barnier, a qualifié la sécurité de “principal échec de ce mandat présidentiel”, tandis que la chef de file régionale Valérie Pécresse a accusé le chef d’État de 43 ans de “brûler notre trésorerie” avec sa gestion de la crise du Covid-19.

Xavier Bertrand, considéré par la base du parti comme le candidat le plus crédible avant le débat, a reproché à Macron l’émergence du pundit d’extrême droite Eric Zemmour dont la rhétorique radicale a secoué la course présidentielle.

“Les Français veulent tourner la page sur Macron parce qu’il a échoué. Je suis convaincu que je suis celui qui peut le battre. Ce ne sont pas les extrêmes qui peuvent le battre”, a conclu Bertrand.

Les sondages suggèrent actuellement qu’aucun des candidats Les Républicains (LR) ne passera le premier tour de l’élection à deux étapes, ce qui marquerait un nouveau revers cuisant pour un parti qui compte de Gaulle, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy comme anciens présidents.

Macron est largement considéré comme le favori pour gagner en avril prochain, bien que les analystes préviennent que l’élection reste très imprévisible.

Une partie du problème pour LR est le nombre de défections de hauts responsables au cours des cinq dernières années vers le camp centriste de Macron, tandis que Zemmour est également considéré comme drainant les conservateurs hors du parti, disent les analystes.

Sarkozy, qui reste populaire parmi les électeurs de droite, a été condamné deux fois cette année, ce qui met fin à toute chance qu’il a de tenter un nouveau retour après une première tentative ratée il y a cinq ans.

Dans la période précédant le débat, Barnier a bénéficié d’une rafale de titres positifs sur ses chances d’obtenir la nomination pour LR, certains médias le qualifiant de favori.

Ses partisans avaient présenté le septuagénaire comme un possible “Joe Biden français” – un homme d’État modéré, aux cheveux gris, capable d’unir sa famille politique divisée.

Dans l’un des rares affrontements, il a été attaqué par Pécresse et Bertrand sur sa proposition de moratoire sur l’immigration, dont il a révélé qu’elle se traduirait par une simple réduction du nombre de visas accordés aux étrangers, plutôt que par une immigration zéro.

“Mes amis font semblant de ne pas comprendre mon moratoire”, s’est-il plaint.

Parmi les trois principaux candidats, Bertrand, chef modéré de la région Hauts-de-France (nord), est considéré par 54% des adhérents LR comme “en mesure de remporter la présidence”, selon un sondage publié lundi.

Seuls 26% considèrent que Barnier est le mieux placé, et 16% préfèrent Pécresse, la responsable de la grande région parisienne.

Mais Bertrand a publiquement quitté le parti en 2017 et avait l’intention de fuir la primaire et de se présenter en tant qu’indépendant, avant de se raviser le mois dernier sous la pression.

Les analystes disent que cela pourrait compter contre lui dans le processus de nomination, alors que Barnier est considéré comme ayant fait preuve de loyauté envers le parti au cours d’une carrière de plusieurs décennies qui l’a conduit de sa maison dans les Alpes françaises à Paris, puis à Bruxelles.

En 2017, le parti a subi une humiliation et une déception lorsque son candidat à l’élection présidentielle, François Fillon, s’est retrouvé mêlé à de multiples scandales financiers qui ont vu l’ancien premier ministre à la ligne dure éliminé au premier tour.