Que vont devenir les radiodiffuseurs de service public français après la suppression de la licence TV ?

Des travailleurs des médias publics français lors d’une manifestation contre l’intention du gouvernement de supprimer la redevance TV. (Photo : Thomas Coex / AFP)

Les ménages français n’auront plus à payer de redevance TV annuelle après que le Parlement a approuvé la suppression de la redevance annuelle de 138 euros par ménage, ce qui signifie qu’en novembre prochain, la facture fiscale habituelle n’arrivera tout simplement pas.

Cette mesure fait partie d’un ensemble d’aides financières d’un montant de 65 milliards d’euros destinées à aider les gens à faire face à l’augmentation du coût de la vie.

Mais la suppression de la redevance TV n’a pas été sans susciter des critiques, alors que des questions subsistent quant au financement futur des radiodiffuseurs de service public français.

La redevance annuelle de 138 € a été utilisée pour financer les chaînes de télévision et de radio du secteur public.

Elle rapporte 3,7 milliards d’euros par an – dont 65 % sont alloués à France Télévisions, 15,9 % à Radio France, 7,5 % à Arte, 7 % à France Médias Monde, 2,4 % à l’agence d’archives audiovisuelles INA et 2,1 % à TV5 Monde, selon un rapport du Sénat.

Le financement de la redevance télévisuelle fournit actuellement environ la moitié du chiffre d’affaires total de la chaîne de télévision. France Télévisions, le reste provenant de la publicité.

En proposant la baisse de la redevance, le président Emmanuel Macron a déclaré vouloir définir un budget ” à visibilité pluriannuelle “, avec des montants de financement fixes. Mais, aucun plan concret à long terme n’est actuellement en place.

Le gouvernement a déclaré qu’il n’était pas question que les radiodiffuseurs de service public perdent de l’argent, insistant sur le fait qu’il remplacerait la redevance “euro pour euro” par des subventions publiques financées par la TVA.

Ce modèle, cependant, n’est garanti que jusqu’à la fin de 2024 – après quoi le gouvernement devra présenter au Parlement différentes stratégies de financement.

Malgré l’adoption du projet de loi, les sénateurs ont fait la queue pour critiquer l’absence d’une stratégie concrète de financement à long terme.

Jean-Raymond Hugonet, du parti Les Républicains, a déclaré que les plans étaient adoptés trop rapidement pour des raisons populistes et a fait valoir que ce changement aurait dû être accompagné d’une stratégie définitive pour la radiodiffusion publique.

Le sénateur socialiste David Assouline a déclaré que Malak avait “salué la gloire” de l’audiovisuel public français mais qu’il “créait les conditions pour l’affaiblir”.

Assouline a longtemps été un critique du plan. “A partir du moment où il n’y a plus de financement dédié et que nous devons puiser dans le budget général de l’Etat, on finira par nous dire que tout cela coûte trop cher et qu’il faut réduire les dépenses, fermer une chaîne, ou même, comme on l’entend déjà parfois, privatiser”, a-t-il déclaré lors d’une manifestation contre les plans en juillet.

Le personnel concerné de France Télévisions et de Radio France s’est mis en grève à la fin du mois de juin pour protester contre ces changements, affirmant que la suppression de la redevance constituait une “menace” pour l’indépendance des chaînes en question.

Les syndicats et les experts culturels ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que l’indépendance des radiodiffuseurs soit érodée si le financement était au bon vouloir du gouvernement de l’époque. Bruno Patino, le directeur d’Arte France, a déclaré à l’AFP qu’il craignait pour l’avenir de sa chaîne si le modèle de financement changeait.

Autre critique, l’économiste de la culture Françoise Benhamou a déclaré au Monde : “L’inconvénient du budget, c’est qu’on est beaucoup moins protégé des aléas du politique, puisque c’est ce dernier qui décide du budget.”

Et la députée LFI et journaliste Clémentine Autain a déclaré en juillet : “C’est une mesure hautement politique et dangereuse. La démocratie a besoin d’un service public audiovisuel fort, avec un système de financement équitable qui garantit l’indépendance.”