La publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en août dernier, a fait la une des journaux du monde entier au sujet de l’impact de l’humanité sur le réchauffement de la planète.

Mais un groupe de campagne invite les gens à évaluer le langage qu’ils utilisent lorsqu’ils parlent de feux de forêt, d’inondations et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes.

Les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus évidentes dans le monde entier, la campagne “Pas de catastrophes naturelles”. a pour but de remettre en question la terminologie qui entoure ces phénomènes.

Terminologie des catastrophes naturelles

Le groupe affirme que les catastrophes naturelles n’existent pas, et donne l’explication suivante sur son site web.

“Si nous reconnaissons et acceptons la définition standard d’une catastrophe comme une ‘perturbation grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société à n’importe quelle échelle en raison d’événements dangereux interagissant avec les conditions d’exposition, de vulnérabilité et de capacité’, alors nous devons considérer l’implication humaine au cœur du problème.”

Il poursuit en affirmant qu’il est faux de dire qu’une catastrophe est “naturelle”. Pire encore, cela induit les gens en erreur en leur faisant croire que les résultats dévastateurs sont inévitables, qu’ils échappent à notre contrôle et qu’ils font simplement partie d’un processus naturel.

Le fait de qualifier une catastrophe de “naturelle” exonère les puissants décideurs de la responsabilité de permettre ou de forcer les gens à vivre dans des conditions vulnérables”, déclare Kevin Blanchard, fondateur du compte Twitter #NoNaturalDisasters.

“Cette utilisation du terme “naturel” dépouille les récits de catastrophes de leur contexte social, politique, environnemental et économique – un contexte où l’injustice est omniprésente.”

Aux côtés d’autres organisations telles que Shelterbox, UNDRRet la Fédération internationale de la Croix-Rouge, le groupe préconise de changer notre terminologie, car elle détermine notre façon de penser aux catastrophes.

La crise climatique ne fera qu’exacerber le nombre croissant de catastrophes d’origine climatique.

“L’augmentation du nombre de tempêtes, d’inondations et d’incendies entraînera une augmentation du nombre de personnes touchées, notamment celles qui sont marginalisées en raison de leur statut économique, de leur sexe, de leur âge, de leur sexualité, de leur religion, etc. statistiquement plus susceptibles d’être touchéesdit M. Blanchard.

Nous pouvons tous jouer un rôle dans la prévention des catastrophes. En réduisant le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, en assurant une planification gouvernementale adéquate et en mettant en place des structures pour reconstruire les zones endommagées, les catastrophes peuvent faire des ravages, mais elles seront moins lourdes pour les communautés. “Si les risques sont inévitables, leur impact ne devrait pas l’être”, déclare M. Blanchard.

Au lieu d’utiliser le terme de catastrophe “naturelle”, #NoNaturalDisasters suggère aux journalistes, aux décideurs politiques et au grand public de commencer à utiliser simplement le terme de “catastrophe”.

Préparer les ultrapauvres aux événements climatiques extrêmes

“Pour renforcer la résilience aux chocs climatiques, nous tenons compte de la vulnérabilité climatique dans le choix des ménages que nous ciblons”, explique Julie Kedroske, de l’Institut de recherche sur le développement (IRD). BRAC Ultra-Poor Graduation Initiative (UPGI) (en anglais).

L’UPGI est une intervention holistique visant à donner aux gens les moyens d’échapper à l’extrême pauvreté grâce à une intervention de deux ans qui vise à répondre aux besoins fondamentaux. Il s’agit notamment de générer des revenus, de soutenir financièrement l’individualisme et de favoriser le développement social.

L’UPGI comprend que l’on ne peut pas se contenter d’aider les gens à sortir de la pauvreté, il faut leur donner des outils pour rester hors de la pauvreté à long terme, en les préparant aux effets du changement climatique.

“Dans les régions du Kenya sujettes à la sécheresse, les personnes en situation d’extrême pauvreté sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, car beaucoup d’entre elles dépendent de l’élevage”, explique M. Kedroske. “Leurs moyens de subsistance sont menacés par l’aggravation des sécheresses, en particulier les femmes et les jeunes.”

Pour répondre à leurs besoins, l’UPGI s’associe aux gouvernements et organisations locales pour renforcer la résilience aux chocs climatiques.

“Le programme a encouragé les participants à maintenir plusieurs sources de revenus et à épargner pour les chocs économiques et climatiques afin de minimiser leur risque de perdre leurs moyens de subsistance”, explique Kedroske.

“A la fin du programme, tous les participants avaient des économies, avec une augmentation moyenne de 151 dollars US par participant. En outre, plus de 80 % des ménages disposaient d’au moins deux sources de revenus, créant ainsi une résilience économique supplémentaire contre les chocs futurs.”

Agnes, l’une des participantes à l’UPGI au Kenya, raconte qu’autrefois elle n’avait pas de quoi sourire. Elle dépendait d’emplois occasionnels pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses sept enfants. Grâce aux compétences et aux ressources acquises dans le cadre du programme, Agnes a ouvert un petit magasin et un hôtel dans le centre de sa ville – deux sources de revenus sur lesquelles elle peut désormais compter en cas de nouveau choc climatique.

“En cas d’urgence ou de sécheresse, je sais que mes économies auprès de l’Association villageoise d’épargne et de crédit pourront couvrir toute perte”, a-t-elle déclaré à l’UPGI. “Les voisins viennent me rendre visite, m’empruntent des objets ou de l’argent quand ils en ont besoin”.

” Il est essentiel que les acteurs du développement international intègrent une optique climatique dans tout ce qu’ils font “, déclare Kedroske.

“Nous avons maintenant besoin d’un effort mondial pour éradiquer l’extrême pauvreté – et les facteurs qui maintiennent les gens piégés dans la pauvreté, comme les chocs climatiques – avec une coordination encore plus grande à tous les niveaux, des organisations multilatérales aux gouvernements locaux.”