Vanesa Campos a été abattue d’une balle dans la poitrine dans le bois de Boulogne à Paris en 2018. Après des années d’attente, son meurtrier présumé et deux associés sont enfin jugés.

Trois hommes ont été jugés à Paris mardi pour le meurtre d’une prostituée transgenre il y a trois ans, qui a attiré l’attention sur la violence croissante contre les travailleurs du sexe en France.

Vanesa Campos, une femme de 36 ans originaire du Pérou, a été mortellement touchée par une balle dans la poitrine dans la nuit du 16 au 17 août 2018, dans une section éloignée du Bois de Boulogne, le vaste parc forestier à l’ouest de la capitale qui est depuis longtemps une zone de travail sexuel une fois la nuit tombée.

La police s’est rapidement concentrée sur un groupe d’une douzaine d’hommes d’origine égyptienne, qui avaient mis en scène ce que les procureurs ont appelé une “expédition punitive” contre Campos et d’autres personnes qui avaient dénoncé les vols et agressions répétés contre les travailleurs du sexe et leurs clients par des bandes armées.

Un mois seulement avant sa mort, Campos faisait partie d’un groupe qui avait engagé un garde pour les protéger alors qu’ils travaillaient au milieu d’arbres denses sans éclairage public.

Les assaillants étaient armés de gaz lacrymogènes, de branches d’arbres, d’un couteau, d’un pistolet paralysant et d’un pistolet qui avait été volé une semaine plus tôt dans une voiture de police alors que le policier était avec une prostituée.

Mahmoud Kadri, 24 ans, soupçonné d’avoir tiré sur Campos, et deux associés ont comparu devant le tribunal pour meurtre et ont déclaré à leurs avocats, par l’intermédiaire de traducteurs, qu’ils “niaient formellement” les accusations.

Six autres hommes, âgés de 23 à 34 ans, sont accusés d’avoir participé au meurtre – cinq pour avoir pris part à l’agression, et un sixième pour avoir volé le pistolet.

La mère et la sœur de Campos, qui vivent au Pérou, se sont constituées parties civiles dans cette affaire, ainsi que six de ses anciens collègues, le garde du corps, l’association de défense des transgenres Acceptess-T et le groupe de soutien aux travailleurs du sexe Mouvement du Nid.

Acceptess-T fait notamment valoir que l’augmentation de la violence à l’encontre des prostituées découle d’une loi de 2016 rendant illégal l’achat de services sexuels en France, mais pas leur vente, ce qui transfère la responsabilité pénale aux clients qui peuvent être condamnés à une amende s’ils sont pris.

Alors que certains groupes affirment que la loi contribue à protéger les femmes de la traite et de l’exploitation en décourageant le travail sexuel, de nombreuses personnes travaillant dans le secteur affirment qu’elle a rendu leur travail plus dangereux et les a privées de revenus.

Le procès devrait durer jusqu’au 28 janvier.