Un Obligation de quitter le territoire françaisgénéralement connue sous l’acronyme OQTF est « une obligation de quitter la France » qui peut être signifiée à tout étranger se trouvant sur le territoire français (c’est-à-dire la France métropolitaine ou l’un de ses territoires d’outre-mer).
Selon le ministre de l’Intérieur, 120 000 d’entre eux ont été desservis en 2020.
Ce n’est pas la même chose qu’une expulsion – les étrangers expulsés de France doivent quitter le territoire immédiatement, ceux qui bénéficient d’une OQTF ont un délai pour partir – généralement dans les 30 jours suivant la réception de l’avis.
L’expulsion est réservée aux personnes en séjour irrégulier en France et qui représentent une sorte de menace pour l’État français – il est généralement utilisé pour les suspects de terrorisme.
Qui peut bénéficier d’une OQTF ?
Globalement, une OQTF est utilisée dans trois scénarios ; sur la libération d’un détenu étranger après avoir purgé une peine de prison en France, sur un étranger dont le titre de séjour a été retiré (le motif le plus fréquent étant une activité délictueuse), ou sur un étranger qui ne dispose pas des titres de séjour en règle.
Cette dernière catégorie est la plus courante et regroupe les personnes dont la demande de renouvellement de visa ou de titre de séjour a été refusée ; les personnes dont le visa/titre de séjour a expiré et qui sont donc en situation irrégulière en France ; ou ceux qui sont entrés en France de manière irrégulière (par exemple arrivés avec un visa touristique puis travaillant en France). Il comprend également les demandeurs d’asile dont la demande a été rejetée et qui ont épuisé leurs recours.
Les OQTF ont défrayé la chronique récemment après le meurtre d’une fillette de 12 ans à Paris, dont le principal suspect était une Algérienne en séjour irrégulier en France qui avait été mise en demeure de quitter le pays.
Dans son cas, selon le porte-parole du gouvernement, elle était entrée en France avec un visa étudiant mais à l’expiration de celui-ci elle ne l’a pas renouvelé. Elle avait quitté la France et lorsqu’elle a tenté de rentrer dans le pays à l’aéroport d’Orly, les agents des frontières ont remarqué son statut irrégulier et elle a reçu une OQTF – bien qu’elle ait été autorisée à rentrer dans le pays.
L’affaire a été particulièrement controversée car elle a reçu un préavis de 30 jours pour démissionner en août, mais se trouvait toujours en France au moment du meurtre fin septembre.
Selon le ministre de l’Intérieur, seuls 10 % environ des OQTF sont appliquées, ce qu’il s’est engagé à changer.
Les avis peuvent être signifiés à toute personne non française, mais les catégories de personnes dont le titre de séjour a été refusé ou retiré ne s’appliquent qu’à ceux qui en ont besoin en premier lieu – c’est-à-dire les citoyens non européens.
Comment tu l’as obtenu?
Une OQTF est délivrée par votre préfecture (ou la préfecture de police si vous êtes à Paris) et vous est généralement envoyée par courrier ou par e-mail, ou les deux.
Il s’agit d’un document formel indiquant la raison pour laquelle vous recevez le préavis et la date à laquelle vous devez quitter la France.
Dans la plupart des cas, vous disposez de 30 jours pour quitter le territoire, mais certaines OQTF ne vous accordent que 48 heures pour partir. Ce délai est généralement réservé aux personnes qui représentent une menace pour l’ordre public, mais est également utilisé pour les personnes dont les titres de séjour ont été refusée ou retirée en raison d’une demande frauduleuse (c’est-à-dire en soumettant de faux documents ou en mentant sur la demande).
Le délai de 30 jours est calculé à compter du jour où la décision est rendue, mais si le délai tombe un week-end ou un jour férié, vous avez jusqu’au jour ouvrable suivant pour quitter la France.
Pouvez-vous faire appel ?
Si vous acceptez la décision, vous pouvez demander une aide financière pour couvrir les frais de votre voyage de retour, et vous pouvez également demander une prolongation des 30 jours si des circonstances exceptionnelles le justifient.
Prendre l’une ou l’autre de ces options implique d’accepter l’avis de départ.
Si vous n’acceptez pas l’avis, vous avez alors le droit de faire appel – le recours doit être introduit dans le mois suivant la réception de l’avis, auprès du tribunal administratif de votre région – trouvez votre tribunal local ici.
Vous pouvez faire appel soit au motif que la décision initiale concernant vos papiers de résidence était injuste, soit au motif que vous ne pouvez pas être expulsé.
Les circonstances dans lesquelles vous ne pouvez pas être expulsé de France incluent :
- Vous êtes résident légal en France depuis plus de 10 ans (hors années passées sous visa étudiant)
- Vous résidez habituellement en France depuis votre enfance (arrivée avant vos 14 ans)
- Vous êtes marié depuis au moins trois ans à un citoyen français et vous vivez toujours ensemble
- Vous êtes parent d’un enfant français résidant en France (vous devez prouver que vous avez contribué à l’entretien de votre enfant soit depuis sa naissance, soit au moins depuis deux ans, les relations polygames sont exclues)
- Vous résidez habituellement en France et vous avez besoin de soins de santé qui ne sont pas disponibles dans votre pays d’origine
Retrouvez la liste complète ici.
Selon l’organisme de fact-checking Les Surligneurs, 12 % des OQTF sont annulées en appel, la majorité au motif que la personne a une vie familiale sédentaire en France, qu’elle risque la torture dans son pays d’origine ou qu’un retour ne peut être organisé. (par exemple, les vols ne peuvent actuellement pas être organisés vers l’Afghanistan).
Vous ne pouvez pas être contraint de partir pendant que votre appel est en cours.
vocabulaire français
Sans papiers – littéralement « sans papiers », la manière informelle de désigner les étrangers sans papiers
Etranger en situation irrégulière – la façon la plus formelle de dire la même chose, un étranger dans une “situation irrégulière” de ne pas avoir les bons papiers
Obligation de quitter le territoire français – Avis de sortie du territoire français (c’est-à-dire la France métropolitaine ou l’un de ses territoires d’outre-mer)
Séjournez régulièrement – un séjour régulier, c’est-à-dire le temps que vous avez passé légalement en France avec les bons papiers
Titre de séjour – titre de séjour, parfois aussi appelé carte de séjour mais cela signifie la même chose