OPINION: Une marche électorale de Macron pourrait conduire à davantage de manifestations de style

Emmanuel Macron lors de son premier événement de campagne à Poissy, dans le Grand Paris, avec un nouveau slogan Avec vous. Photo Ludovic MARIN / AFP)

Le président Emmanuel Macron a donné lundi une performance accomplie mais étrange lors de son premier événement de la campagne présidentielle de 2022.

Il a constamment changé de chapeau lors d’un débat à la mairie soi-disant non scénarisé à Poissy, dans la banlieue ouest de Paris. « Maintenant, je réponds en tant que président », dirait Macron. “Maintenant, c’est le candidat qui parle.”

Plus tard, il est apparu que le débat n’avait pas été si complètement improvisé que cela. Après la réunion, un journaliste de France Info a trouvé des notes abandonnées pour ce qui semblait être des questions pré-arrangées par des interrogateurs pré-arrangés.

Les gens de Macron ont nié que la réunion ait été chorégraphiée. Ils ont souligné le fait que le président (et candidat) avait répondu à plusieurs questions embarrassantes sur la migration et le coût de la vie. Hmm.

Il s’agit à peine de niveaux de désinformation poutiniens. Cela soulève tout de même des questions délicates sur la manière dont le président Macron envisage d’aborder ce que son équipe promet d’être une «campagne éclair… proche du peuple».

Plus précisément, comment lutter contre une campagne électorale qui a déjà gagné ?

Macron est maintenant à plus de 30% dans les sondages du premier tour pour la première fois de cette campagne. Tous ses rivaux sont statiques ou en chute. Depuis le début de la guerre d’Ukraine (compte tenu des compagnons de route de Poutine de trois de ses principaux adversaires), le résultat du second tour du 24 avril ne fait pas de doute.

Et pourtant, peu importe comment Macron gagne et comment il fait campagne.

S’il est largement perçu comme ayant gagné par défaut – en se cachant d’une bataille en raison de sa préoccupation légitime pour une autre, bien plus sombre -, il pourrait faire face à un deuxième mandat présidentiel difficile.

Soyons honnêtes. Macron aurait de toute façon dû faire face à un second mandat présidentiel difficile. Il y a une grande partie de la France, d’extrême gauche comme d’extrême droite, qui le considérera toujours comme un président accidentel ou imposé.

C’était l’un des arguments avancés contre lui par les Gilets jaunes en 2018, alors même que Macron avait remporté le second tour l’année précédente avec 66 % des voix. Les événements l’ont favorisé en 2017, lui laissant la tâche facile de battre une Marine Le Pen tâtonnante. Mais il a également été récompensé par sa propre prévoyance et son audace.

Je suis convaincu que Macron aurait encore gagné cette année même si Vladimir Poutine n’avait pas envahi le XXIe siècle. Les suspects habituels prétendront néanmoins – certains d’entre eux le prétendent déjà – qu’ils ont été « dépouillés » de la victoire par les événements en Ukraine.

Rien ne pourra faire changer d’avis les irréductibles Zemmouristes, Lépennistes et Mélenchonistes ou peut-être, plus exactement, les empêcher d’avancer cyniquement de tels arguments. Cependant, il est important de savoir à quel point un tel cas peut être largement et plausible.

Il importe que Macron soit vu le mois prochain s’exposer à quelque chose comme le tumulte habituel de la démocratie. Peu importe le taux de participation aux deux tours des élections les 10 et 24 avril. Peu importe le succès de Macron et de ses alliés aux élections législatives des 12 et 19 juin (question complexe sur laquelle je reviendrai dans une autre chronique).

Quoi qu’il arrive dans la guerre en Ukraine, le monde sera probablement confronté à une récession et à une pénurie paralysante d’énergie et de certains types de nourriture au cours de l’année prochaine ou plus. Étant donné que la France est un pays où la colère monte rapidement dans la rue, une sorte de réaction française peut-être violente – par les syndicats, par les agriculteurs, par la résurgence des Gilets Jaunes – est probable d’ici la fin de cette année.

La capacité de Macron à contrôler de tels événements dépendra en partie de la façon dont il est perçu comme ayant été élu le mois prochain et de l’énergie avec laquelle il est perçu comme ayant fait campagne.

Jusqu’à présent, les signes sont inquiétants.

Le président a fait savoir hier qu’il refuserait de participer aux débats télévisés avec les 11 autres candidats. Il aurait probablement refusé même s’il n’y avait pas eu de guerre en Ukraine.

Un tel événement serait, certes, un spectacle absurde, comme le professeur affrontant toute la classe au football. Mais dans les circonstances (c’est-à-dire la victoire presque certaine de Macron le 24 avril), je pense que le Président aurait plus à gagner à participer qu’à refuser.

Il semble également probable que Macron organisera très peu de grands rassemblements publics. Celui qui était prévu à Marseille samedi dernier a été annulé. Les grands rassemblements de fidèles peuvent sembler inutiles à l’ère de la télévision et des médias sociaux, mais ils remplissent une fonction importante pour dynamiser le soutien de base du candidat (demandez à Donald Trump).

Le plan principal de Macron semble être d’organiser une série d’assemblées publiques comme celle d’hier à Poissy, où le président se promène avec un microphone démontrant sa connaissance détaillée de toutes les questions, de la guerre nucléaire à l’élevage laitier.

Cette approche lui a très bien réussi lors du Grand Débat qu’il a organisé à l’échelle nationale pour apaiser la colère du mouvement Gilets Jaunes début 2019. Cela ne fonctionnera cependant que si les réunions sont perçues comme ouvertes aux critiques (non violentes). ainsi que des supporters.

Macron ne peut pas perdre cette élection. Il doit, malgré son enchevêtrement dans des événements terribles ailleurs, être vu pour le contester.

Il doit se présenter aux élections, pas marcher.