Le président français Emmanuel Macron (à droite) signe le protocole aux côtés de son grand chancelier le général Benoit Puga (à gauche) à l'Elysée

Le président français Emmanuel Macron (R) signe le protocole à côté de son grand chancelier le général Benoit Puga (L) au palais présidentiel de l’Elysée à Paris. Photo : Gonzalo Fuentes/Pool/AFP

Lors d’une cérémonie à l’Elysée, Macron a été confirmé par le chef du Conseil constitutionnel Laurent Fabius comme vainqueur de l’élection présidentielle d’avril, puis a signé le document officiel de réinvestiture.

En présence de 450 personnes, dont sa femme Brigitte et ses seuls prédécesseurs survivants François Hollande et Nicolas Sarkozy, la cérémonie (qui peut être visionnée ci-dessous) était relativement modeste mais marquait la première fois qu’un dirigeant français effectuait un deuxième mandat en 20 ans.

Macron est confronté à un programme ambitieux consistant à mettre en œuvre les réformes qu’il a promises lorsqu’il est arrivé au pouvoir en tant que plus jeune président de la France en 2017, ainsi qu’à faire face à l’assaut russe contre l’Ukraine.

“Rarement notre monde et notre pays ont été confrontés à une telle combinaison de défis”, a-t-il déclaré, évoquant l’invasion russe, la pandémie et l’urgence écologique.

Il a promis d’être un « nouveau président » pour un « nouveau mandat » et de créer une « France plus forte ».

“Chaque jour du mandat qui m’attend, je n’aurai qu’un seul point cardinal. Et c’est pour servir.

“Rites usés”
Il a également suggéré un style de décision plus inclusif et compréhensif après que son premier mandat ait vu les critiques se plaindre que l’ancien banquier d’investissement avait des méthodes abrasives et arrogantes.

Il a promis une « nouvelle méthode » pour gouverner, loin des « rites et chorégraphies usés » du passé.

Dans une tradition remontant au Moyen Âge, 21 coups de canon ont été tirés depuis le mémorial militaire des Invalides pour célébrer l’inauguration.

Sans voiture sur l’avenue des Champs-Elysées ni long tapis rouge, la cérémonie ressemblait aux réinaugurations de François Mitterrand en 1988 et de Jacques Chirac en 2002, le dernier président français à remporter un second mandat.

Malgré la cérémonie, le deuxième mandat de Macron ne commencera officiellement qu’à l’expiration du premier à minuit le 13 mai.

Il est prêt à , alors qu’il porte un immense fardeau d’attentes en tant que leader sur la scène européenne, l’Allemagne trouvant toujours sa place dans l’ère post-Angela Merkel.

Macron s’est engagé à “agir pour éviter toute escalade suite à l’agression russe en Ukraine, pour aider la démocratie et le courage à prévaloir, pour construire une nouvelle paix européenne et une nouvelle autonomie sur notre continent”.

Sur le plan intérieur, Macron doit faire face à la crise de la hausse du coût de la vie et se préparer également à d’éventuelles manifestations lorsqu’il s’attaquera enfin à sa chère réforme des retraites, augmentant l’âge de la retraite en France.

Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius (C) proclame les résultats officiels de l'élection présidentielle de 2022 en France à l'Elysée

Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius (C) proclame les résultats officiels de l’élection présidentielle de 2022 en France au palais présidentiel de l’Elysée à Paris. Photo : Gonzalo Fuentes/Pool/AFP

Il a réaffirmé un vœu de plein emploi en France et s’est engagé à lutter contre les inégalités en réformant les systèmes de santé et scolaire ainsi que contre “l’insécurité quotidienne et le terrorisme qui est toujours là”.

Étaient présents à la cérémonie les parents de l’enseignant Samuel Paty qui a été décapité par un extrémiste islamiste en 2020. Sa mère a été émue aux larmes lorsque le président les a embrassés.

‘Avoir des difficultés’

Macron a remporté le second tour des élections présidentielles le 24 avril avec un score de 58,55 % face à sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen.

La cérémonie intervient à un moment de flux politique à la suite de la victoire électorale de Macron, alors que la France se prépare pour les élections législatives qui suivront rapidement en juin.

Macron devrait nommer un nouveau Premier ministre à la place du titulaire Jean Castex pour diriger un gouvernement remanié jusqu’aux élections, mais pas avant le début officiel de son deuxième mandat.

Il a proposé de nommer une femme politique en mettant l’accent sur la responsabilité sociale – bien que des rapports aient indiqué que des ouvertures à des personnalités de gauche, telles que l’ancienne responsable Véronique Bedague et la députée socialiste
chef de groupe Valérie Rabault, ont été repoussés.

“Ici, ils ont visiblement du mal à trouver la bonne personne”, a déclaré à l’AFP l’historien politique français Jean Garrigues.

Le président Emmanuel Macron passe en revue les troupes dans les jardins de l'Elysée

Le président Emmanuel Macron passe en revue les troupes dans les jardins de l’Elysée après sa cérémonie d’investiture. Photo : Gonzalo Fuentes/Pool/AFP

Pendant ce temps, le Parti socialiste, avec les Verts et les Communistes, forme une alliance inédite pour les élections législatives avec le parti d’extrême gauche La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon.

Il était de loin le candidat de gauche le plus performant au premier tour des élections présidentielles et est le fer de lance des efforts pour lancer un défi convaincant à Macron.

Les factions pro-Macron se sont regroupées sous la bannière d’Ensemble (Ensemble) tandis que son propre parti La République en marche, qui peine à créer une base populaire, se rebaptise Renaissance.

Garrigues a déclaré que les problèmes du parti au pouvoir étaient « liés par nature à son positionnement politique (Macron) qui est à la fois à droite et à gauche ».