Les dirigeants de l’Union européenne, réunis en sommet au château de Versailles, en France, ont estimé que l’attaque de Moscou contre l’Ukraine était un signal d’alarme pour le bloc des 27 pays, qui doit adopter une approche plus stricte pour assurer sa sécurité.
“On ne peut nier le fait qu’il y a deux semaines, nous nous sommes réveillés dans une Europe différente, dans un monde différent”, a déclaré le chef du Conseil européen, Charles Michel.
L’exécutif de l’UE a proposé de doubler le financement de l’envoi d’armes à l’Ukraine pour le porter à un milliard d’euros, alors que l’Occident s’efforce de soutenir les forces de Kiev face à l’assaut du Kremlin.
Le mois dernier, le bloc a brisé un tabou de longue date en acceptant de payer les livraisons d’armes à l’Ukraine après que le président russe Vladimir Poutine ait lancé l’invasion de son voisin pro-occidental.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne d’envoi d’armes par les alliés de l’Ukraine, alors que Kiev réclame désespérément des systèmes de défense aérienne après que les appels à l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne aient été rejetés.
En plus des nouvelles livraisons d’armes, les dirigeants de l’UE ont également déclaré qu’ils préparaient une nouvelle série de sanctions économiques afin de maintenir la pression sur Poutine suite à l’effusion de sang.
L’Occident a déjà frappé Moscou avec un barrage de sanctions sans précédent, mais l’UE n’a pas encore accepté de suivre l’exemple des États-Unis en frappant les principales exportations de pétrole et de gaz de la Russie.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il parlerait à nouveau à Poutine dans les prochaines heures avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
Macron a averti le leader du Kremlin de nouvelles “sanctions massives” s’il intensifie les bombardements ou cherche à assiéger la capitale ukrainienne Kiev.
“Dans ce cas, rien n’est hors de la table, rien n’est tabou”, a déclaré Macron.
“Nous ferons tout ce que nous jugerons efficace et utile pour stopper la Russie dans son agression”.
La chef de l’UE, Ursula von der Leyen, a ensuite déclaré vendredi que le bloc allait interdire l’exportation de produits de luxe vers la Russie, portant un “coup direct à l’élite russe”.
Jeudi, elle a déclaré que les 27 dirigeants avaient convenu d’explorer les moyens d’éliminer la dépendance du bloc vis-à-vis des combustibles fossiles russes en cinq ans.
Investir davantage
Alors que l’UE a innové en matière d’envoi d’armes à l’étranger, elle a également été amenée à reconsidérer son approche de la sécurité après avoir passé des décennies à compter sur l’OTAN dirigée par les États-Unis pour assurer la défense de l’Europe.
Les dirigeants ont convenu dans une déclaration “d’augmenter sensiblement les dépenses de défense” et de renforcer la coopération sur les projets militaires entre les États membres.
“Nous devons résolument investir davantage et mieux dans les capacités de défense et les technologies innovantes”, indique la déclaration.
Le Premier ministre estonien Kaja Kallas a déclaré que l’Union européenne se penchait sur des questions telles que “l’acquisition de capacités communes, par exemple, qui sont trop coûteuses pour qu’un Etat individuel les achète seul”.
Elle a également demandé à tous les États membres de l’UE – dont six ne font pas partie de l’OTAN – de respecter l’engagement de l’alliance militaire de consacrer au moins deux pour cent de leur PIB à la défense.
La sécurité collective dans l’Union européenne est principalement assurée par l’alliance de l’OTAN dirigée par les États-Unis, mais la France, la plus grande puissance militaire de l’UE, a été le fer de lance des appels à un renforcement du rôle de l’Union.
L’assaut contre l’Ukraine a maintenant provoqué quelques revirements.
L’Allemagne a déchiré des décennies de politique en acceptant d’envoyer des armes à l’Ukraine après le début de la guerre et a promis 100 milliards d’euros (110 milliards de dollars) supplémentaires pour aider à améliorer ses forces armées.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré jeudi que les pays agissaient “dangereusement” en soutenant la fourniture d’armes à l’Ukraine.
Un long chemin vers l’UE
Les dirigeants de l’UE ont douché jeudi les espoirs de l’Ukraine de devenir rapidement membre de l’Union européenne, affirmant qu’il s’agissait d’un processus à long terme et non d’une “voie rapide”.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitry Kuleba, a déclaré dans un message vidéo après les discussions de vendredi que l’Ukraine souhaitait que l’UE “soit plus ambitieuse” dans ses engagements concernant une éventuelle adhésion.
Mais il a insisté : “Nous, Ukrainiens, savons à 100 % que l’Ukraine sera membre de l’Union européenne”, a-t-il déclaré. “Maintenant, c’est une question de temps”.
