Les ministres français et britannique se sont rencontrés jeudi pour discuter du différend sur la pêche en cours entre les deux pays, d’autres pourparlers étant désormais prévus pour “au début de la semaine prochaine”.

La querelle entre Londres et Paris au sujet des licences de pêche s’est intensifiée le mois dernier, la France mettant en garde contre des mesures de représailles et arrêtant un navire britannique pris en train de pêcher dans les eaux françaises sans licence.

Le ministre français de l’Europe, Clément Beaune, a déclaré sur Twitter que sa rencontre jeudi avec le ministre britannique du Brexit, David Frost, visait à “relancer un dialogue nécessaire et assurer la mise en œuvre de nos accords”.

Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré à la fin de la réunion que “comme prévu, ils ont discuté de l’ensemble des difficultés résultant de l’application des accords entre le Royaume-Uni et l’UE. Les deux parties ont exposé leurs positions et leurs préoccupations”.

Ils ont ajouté que d’autres pourparlers auront lieu “au début de la semaine prochaine”.

Sur quoi porte le différend ?

Le gouvernement français affirme que plusieurs licences de pêche demandées par des pêcheurs français n’ont pas été approuvées et accuse le Royaume-Uni de ne pas respecter l’accord conclu avant le départ définitif du pays du bloc.

L’accord post-Brexit avec l’Union européenne prévoyait que les pêcheurs pouvaient continuer à pêcher dans les eaux britanniques s’ils obtenaient une licence et prouvaient qu’ils y pêchaient auparavant.

Paris dit cependant que beaucoup de bateaux français qui pêchent dans les eaux britanniques sont de petites entreprises artisanales qui n’ont pas nécessairement la technologie pour prouver qu’elles ont accédé aux eaux britanniques pendant des années.

Selon les chiffres officiels du gouvernement britannique publiés mercredi, les 736 demandes françaises de pêche dans les eaux britanniques – à 12-200 milles marins des côtes – ont été approuvées.

Cependant, dans la zone sensible des 6 à 12 milles marins, 31 des 50 licences pour les navires de moins de 12 mètres sont toujours en attente, tout comme trois des 88 demandes de navires de plus de 12 mètres. Cela suggère que le Royaume-Uni a approuvé environ les trois quarts des demandes françaises dans cette zone.

L’île de Jersey a quant à elle approuvé 113 des 217 demandes et 49 autres licences temporaires ont été accordées jusqu’à fin janvier 2022 pour donner à ces navires plus de temps pour fournir les preuves nécessaires.

Le différend a vu la France menacer de fermer ses ports à certains navires britanniques, augmenter les contrôles douaniers sur les marchandises en provenance du Royaume-Uni et couper l’alimentation électrique de l’île de Jersey – une dépendance autonome de la Couronne britannique.

Le Royaume-Uni a catégoriquement nié l’accusation et qualifié les menaces françaises de “décevantes et disproportionnées”. Il a également fait valoir que si la France allait de l’avant avec ses menaces, elle violerait l’accord de retrait du Brexit.

La France avait initialement prévu que les mesures entrent en vigueur le 2 novembre, mais a suspendu leur mise en œuvre pour permettre davantage de pourparlers.

Un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré plus tôt cette semaine que la Grande-Bretagne était “prête à poursuivre des discussions intensives sur la pêche, notamment en considérant de nouvelles preuves à l’appui des demandes de licence restantes”.

“Nous nous félicitons que la France reconnaisse que des discussions approfondies sont nécessaires pour résoudre l’éventail des difficultés dans les relations Royaume-Uni/UE”, ont-ils ajouté.

Les deux hommes se rendront ensuite vendredi à Bruxelles pour une réunion à la Commission européenne, selon le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal.

“Mon collègue Clément Beaune rencontrera M. Frost (jeudi) à Paris à ce sujet, et il y aura une autre réunion vendredi à la Commission européenne”, a-t-il déclaré mercredi à la presse.

“Je tiens à vous rappeler qu’il s’agit avant tout d’un enjeu européen et donc la réunion à la Commission européenne sera très importante et il faudra attendre” son issue avant que des sanctions ne soient appliquées, a-t-il insisté.

Selon une source européenne, Frost doit rencontrer le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic, pour discuter du protocole d’Irlande du Nord et non de la pêche.

Avant les pourparlers, un chalutier écossais détenu en France pendant une semaine pour avoir pêché dans les eaux françaises sans permis a été libéré.

Le bateau de pêche Cornelis Gert Jan a quitté le port du Havre mercredi en fin d’après-midi après une décision de la cour d’appel de Rouen, qui a autorisé le bateau “à quitter Le Havre immédiatement sans avoir à payer de caution”, a indiqué à l’AFP l’avocat du capitaine, Mathieu Croix. .

L’Etat avait demandé la détention du chalutier en attendant le versement d’une caution de 150 000 €.

Macduff Shellfish, propriétaire du chalutier, a déclaré dans un communiqué publié sur son site Internet qu’ils “sont ravis que cette affaire soit résolue et ravis que notre équipage et notre navire puissent désormais rentrer chez eux”.

“L’équipage a agi avec calme et professionnalisme tout au long de l’incident. Ils sont de bonne humeur, impatients de retrouver leurs proches et sont reconnaissants pour tous les messages de soutien reçus du public britannique”, indique également le communiqué.

Le chalutier de 36 mètres de long a été détourné vers Le Havre mercredi dernier après qu’un contrôle des autorités françaises a constaté qu’il avait pêché plus de deux tonnes de coquilles Saint-Jacques sans permis.

Selon le procureur, le capitaine du bateau encourt une amende de 75 000 € et des sanctions administratives.

Les autorités françaises ont renforcé les contrôles au milieu du différend sur les droits de pêche avec le Royaume-Uni.