Après la fermeture des écoles dans une grande partie de la France jeudi à la suite d’une grève des enseignants, le gouvernement a annoncé que les écoles recevront 5 millions de masques FFP2 et recruteront des milliers d’enseignants suppléants pour les aider à faire face à la pandémie.

Un grand nombre d’enseignants français se sont mis en grève jeudi. Le plus grand syndicat d’enseignants a déclaré que la moitié des écoles primaires étaient fermées, le personnel demandant au gouvernement de clarifier les mesures relatives au coronavirus.

Alors que la campagne pour l’élection présidentielle française démarre en vue du scrutin d’avril, le débrayage est délicat pour le gouvernement du Président Emmanuel Macron qui s’est targué de maintenir les écoles ouvertes pour alléger la pression sur les parents pendant la pandémie.

Des dizaines de milliers de personnes sont également descendues dans la rue, le ministère de l’Intérieur ayant déclaré que près de 78 000 enseignants et autres travailleurs de l’éducation ont manifesté dans tout le pays, dont 8 200 à Paris.

Alors que le ministère de l’éducation a déclaré que près de 40 % des enseignants du primaire avaient débrayé, le Snuipp, le principal syndicat, a estimé ce chiffre à 75 %, une école primaire sur deux étant fermée pour la journée.

La grève “démontre le désespoir croissant dans les écoles”, a déclaré le Snuipp dans une déclaration mardi annonçant la grève.

Les syndicats se plaignent que leurs membres ne sont pas en mesure d’enseigner correctement, qu’ils ne sont pas suffisamment protégés contre les infections à coronavirus et qu’ils apprennent fréquemment les modifications apportées aux précautions sanitaires par les médias plutôt que par les supérieurs.

“Le gouvernement annonce des choses, mais personne ne pense à ce que cela signifie pour le personnel sur le terrain”, a déclaré cette semaine à l’AFP Olivier Flipo, directeur d’une école parisienne.

“On nous demande des choses infernales et ça part en vrille”.

Avec de nombreux élèves en arrêt maladie et la difficulté de combiner l’enseignement à distance avec les cours en présentiel, “ce n’est pas l’école qui est ouverte, mais une sorte de ‘garderie'”, a déclaré M. Snuipp.

Certains parents interrogés par l’AFP dans la rue ont soutenu la grève.

“Je comprends les enseignants et leur position… les classes sont trop grandes, ils ne sont pas assez payés, leurs conditions de travail ne sont pas les meilleures”, a déclaré Akim Aouchiche devant une école du nord-est parisien.

“C’est leur façon de se faire entendre”, explique Alexandra Stojek, conseillère fiscale.

“Je comprends ce qu’ils demandent, c’est justifié, ils ne font pas ça pour nous embêter”.

Gestion de la crise

“Jusqu’à présent, l’opinion pensait que le gouvernement et le président Emmanuel Macron avaient bien géré la crise”, explique à l’AFP Brice Teinturier, de l’institut de sondage Ipsos.

Mais si la grève entraîne des perturbations importantes, “cet équilibre risque de basculer”, a-t-il ajouté.

Les challengers de Macron à l’élection présidentielle se sont emparés du débrayage, les candidats d’extrême gauche et socialiste Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo ayant rejoint les marcheurs à Paris.

Le chef par intérim du Rassemblement national d’extrême droite, Jordan Bardella, a déclaré que la grève montrait que “le problème, c’est avant tout Emmanuel Macron”.

Motivé par les longues files d’attente pour les tests devant les pharmacies, le gouvernement a assoupli cette semaine les règles relatives aux contrôles Covid pour les étudiants qui ont été exposés à une personne infectée. Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ces changements lors du journal télévisé de lundi soir.

“Nous avons écouté et fait des changements”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal aux journalistes après une réunion du cabinet mercredi, reconnaissant la “lassitude” des parents et des enseignants.

Le changement de la chaîne de commandement semble être une réaction à la colère des enseignants envers le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer.

Mais Jean-Michel Blanquer n’a pas renoncé à la fermeté, déclarant mardi à la télévision que “l’on ne fait pas grève contre un virus”.

Pour tenter d’apaiser les tensions, le Premier ministre Jean Castex a organisé jeudi après-midi aux côtés de Blanquer une réunion avec les responsables des syndicats de l’éducation.

A l’issue de cette réunion, M. Blanquer a indiqué qu’environ cinq millions de masques FFP2 de haute qualité seraient mis à disposition, principalement pour les enseignants des écoles maternelles, ainsi que plusieurs milliers de personnels de remplacement envoyés pour aider à “faire face à la crise”.