Les écoles françaises commencent la nouvelle année avec 4 000 postes d'enseignants non pourvus

(Photo de Fred Tanneau / AFP)

Moins de deux mois après avoir promis publiquement qu’il y aurait “un enseignant devant chaque classe dans toutes les écoles de France”, le ministre de l’Education Pap Ndiaye devait visiter mardi un bureau de recrutement dédié à Créteil, en région parisienne, pour voir comment les responsables de l’éducation s’efforcent de remédier à la grave pénurie d’enseignants.

Le bureau a été mis en place par le rectorat de Créteil pour répondre rapidement aux demandes des établissements scolaires afin de permettre aux élèves de rentrer dans les meilleures conditions.

La démarche de Créteil se répète dans tout le pays et est scrutée par les syndicats et les professionnels de l’éducation, dans un contexte de crise potentiellement grave de l’enseignement à l’aube de la nouvelle année scolaire.

“La rentrée scolaire se déroule dans un contexte particulier de recrutement d’enseignants”, a concédé le ministère de l’Éducation nationale.

Selon les chiffres du ministère, 4 000 postes d’enseignants dans l’enseignement primaire et secondaire n’ont pas été pourvus cette année malgré les différentes campagnes de recrutement. Le nombre de postes d’enseignants du primaire pourvus au début de l’année scolaire était de 83,1 %, selon les chiffres officiels, contre 94,7 % l’année dernière.

Au niveau des collèges et lycées, 83,4 % des postes d’enseignants sont pourvus, contre 94,1 % l’année précédente.Mais la pénurie n’est pas uniforme dans toutes les disciplines d’enseignement. Seuls 55 % des postes de professeurs d’allemand sont pourvus, 66,7 % des postes de physique-chimie et 68,5 % des postes de professeurs de mathématiques.

“C’est une année catastrophique pour le recrutement”, a déclaré à franceinfo le président du syndicat national des lycées et collèges, tandis que le secrétaire général du Snes-FSU a estimé sur France Inter que le pays était “proche de l’état d’urgence dans l’éducation nationale”.

Le moral bas et les bas salaires du corps enseignant sont en partie responsables de l’exode des talents, mais des règles plus strictes, entrées en vigueur cette année, sur les personnes pouvant passer les examens d’enseignement limitent également le nombre de nouvelles recrues, selon les experts.

Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, a confirmé cet été que l’éducation nationale bénéficiera d’une augmentation de 3,6 milliards d’euros de financement pour combler ce déficit.

“Nous avons l’ambition de repenser le métier d’enseignant de manière large. Cela ne peut pas se faire en l’espace d’un été”, a déclaré Ndiaye aux députés début août.

Mais cela ne résout pas la situation aiguë à l’aube de la nouvelle année scolaire.

À Créteil et Versailles, où la crise de l’enseignement est particulièrement grave, des enseignants suppléants sont recrutés sur des contrats de courte durée. A Versailles, 400 contractuels ont été renouvelés et 600 nouveaux enseignants contractuels devaient être recrutés pour la nouvelle année scolaire.