Les députés français s'apprêtent à voter l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution.

La ministre de la santé Simone Veil a inscrit le droit à l’avortement dans la loi française en 1975, mais il pourrait maintenant être ajouté à la constitution du pays. Photo de l’AFP

Les députés du parti de gauche La France Insoumise et de la coalition centriste au pouvoir se sont mis d’accord jeudi sur la formulation de la nouvelle clause, qui sera soumise à un vote plus large plus tard dans la journée.

“La loi garantit l’effectivité et l’égalité d’accès au droit d’interrompre volontairement une grossesse”, peut-on lire dans la proposition d’ajout constitutionnel à l’article 66.

L’initiative a été motivée par la décision explosive de la Cour suprême des États-Unis, qui a annulé cette année le droit à l’interruption de grossesse accordé aux Américains à l’échelle nationale.

En Europe, le gouvernement conservateur de la Pologne a également fortement restreint le droit à l’avortement.

Mathilde Panot, députée LFI, a déclaré que cette mesure était nécessaire en France pour “nous protéger contre une régression”.

Dans un discours au Parlement, elle a cité l’écrivain français et militante des droits de la femme Simone de Beauvoir.

“Il suffit d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question”, a-t-elle déclaré.

L’accord est un rare exemple de coopération entre la gauche dure de LFI et les alliés centristes du président Emmanuel Macron – qui n’ont plus de majorité globale à l’Assemblée nationale.

Une précédente tentative d’inscrire le droit à l’avortement ainsi que la contraception dans la constitution, avec une formulation différente, a été rejetée par le Sénat dominé par les conservateurs en octobre.

De nombreux politiciens conservateurs et catholiques ont fait part de leurs réticences, estimant que cette inscription n’était pas nécessaire compte tenu des protections juridiques déjà en place.

“Il apparaît totalement déplacé d’ouvrir un débat qui, s’il existe aux États-Unis, n’existe pas en France”, a déclaré la leader d’extrême droite Marine Le Pen dans un communiqué cette semaine.

“Aucun groupe politique ne songe à remettre en cause l’accès à l’avortement”, a-t-elle ajouté.

L’avortement a été légalisé en France en 1974 dans une loi défendue par la ministre de la santé Simone Veil, une icône des droits des femmes à qui Macron a accordé l’honneur rare d’être enterrée au Panthéon à sa mort en 2018.