Les 3 grandes batailles de Macron en France cet automne

Parlement français à Paris le 3 octobre 2022. (Photo Ludovic MARIN / AFP)

Après un début plus tardif que d’habitude (en raison d’une séance tardive en été), le Parlement français a entamé son nouveau mandat cette semaine, avec des réformes très controversées à l’ordre du jour.

Le gouvernement d’Emmanuel Macron doit poursuivre un ambitieux programme de réformes, malgré la perte de sa majorité absolue aux élections législatives de juin et il semble probable que des affrontements politiques majeurs se profilent à l’horizon.

Voici trois des plus gros problèmes;

Réforme du chômage

Il s’agit de la dernière étape de la réforme à long terme du système de chômage par Macron – une partie de sa volonté de parvenir à zéro chômage en France, qui a également connu plusieurs grandes réformes au cours de son premier mandat présidentiel.

Le système actuel d’indemnisation du chômage n’incite toujours pas « au retour à l’emploi », a déclaré le ministre du Travail Olivier Dussopt.

“C’est inacceptable d’avoir encore un taux de chômage de 7% et des patrons qui ne peuvent pas recruter.”

Le détail: Le gouvernement veut modifier les conditions d’admissibilité, telles que le nombre minimum de mois que les employés doivent avoir travaillé au cours des 24 derniers mois (actuellement 6 mois) pour avoir droit aux prestations, ainsi que la durée maximale d’indemnisation, qui se situe actuellement entre 24 et 36 mois selon l’âge.

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Les prestations en France sont calculées en pourcentage de vos anciens revenus, avec un plafond pour les hauts revenus. Le gouvernement veut abaisser ce plafond, de sorte que les personnes qui gagnaient auparavant plus de 4 500 € (bruts) par mois verraient une réduction de 30 % de leurs allocations après sept mois de chômage. Cela n’affecte pas les plus de 57 ans.

Le gouvernement espère également calculer le salaire journalier de référence en tenant compte à la fois des jours travaillés et des jours non travaillés au cours des 24 mois précédant le chômage. Cela ne changerait pas le calcul pour les personnes qui étaient auparavant des salariés à temps plein, mais les travailleurs saisonniers ou les demandeurs d’emploi qui alternaient entre être au chômage et être en emploi, pourraient voir leurs allocations diminuer.

Enfin, le projet de loi vise à faire évoluer les conditions de l’assurance-chômage en fonction de la situation du marché du travail, en la rendant “plus stricte lorsque trop d’emplois restent vacants, et plus généreuse lorsque le chômage est élevé”.

Statut: Les débats ont commencé à l’Assemblée nationale sur ce projet de loi qui doit être transmis au Sénat le 25 octobre. Le bloc de l’alliance de gauche La Nupes s’oppose fermement aux changements, tout comme de nombreux syndicats. Même si le projet de loi est adopté, il est probable que de nombreux détails changeront en raison des amendements de l’Assemblée et du Sénat.

Réforme des retraites

La réforme des retraites s’est avérée être l’une des réformes les plus controversées du premier mandat de Macron, entraînant les grèves des transports les plus longues depuis 1968.

Bien qu’il ait finalement réussi à faire adopter ses réformes, elles n’ont jamais été mises en œuvre en raison de la pandémie.

Maintenant, Macron veut ramener au Parlement la réforme d’origine, plus quelques nouveaux ajouts et adopter l’ensemble du paquet en tant que nouveau projet de loi.

En détail: Les réformes de 2019 visaient en grande partie à simplifier le système de retraite, à supprimer les 42 régimes de retraite différents (pour différentes professions) et à créer un système unique et rationalisé. Le gouvernement a déclaré que le système faciliterait la tâche des personnes qui ont changé de profession au cours de leur vie professionnelle, ainsi qu’aider les personnes défavorisées par l’ancien système, telles que les agriculteurs et les femmes qui ont eu de longues interruptions de carrière.

L’aspect le plus controversé, cependant, a été la suppression des “régimes spéciaux” qui permettaient à certains groupes (dont les conducteurs de train) de prendre une retraite anticipée.

La nouvelle partie de la réforme est encore plus controversée – Macron cherche à augmenter l’âge légal de la retraite, qui est actuellement de 62 ans, à 65 ans.

Cela se ferait en augmentant progressivement l’âge de quatre mois par an, de sorte que d’ici 2031, 65 ans deviendrait l’âge global de la retraite. La proposition maintient des exemptions pour certains emplois physiquement exigeants ou à haut risque, afin de permettre aux personnes de prendre leur retraite plus tôt, ainsi qu’aux personnes qui ont commencé à travailler alors qu’elles avaient moins de 18 ans.

Statut: Cela ne sera pas présenté au parlement dans un proche avenir, mais ce sera toujours un champ de bataille cet automne.

Le gouvernement s’est engagé à organiser une consultation impliquant les syndicats quelque temps avant Noël, avec l’intention que la loi soit ensuite votée au Parlement début 2023.

Macron a fait du relèvement de l’âge de la retraite une partie de sa campagne électorale présidentielle réussie en avril, mais avec des députés de tous les horizons politiques implacablement opposés, cela semble très peu susceptible d’être adopté au parlement. Le gouvernement a la possibilité d’utiliser l’outil constitutionnel connu sous le nom d’article 49.3 pour le faire passer de toute façon, bien qu’il risque que l’opposition dépose une motion de censure s’il utilise l’article. Si cela se produit, Macron a la possibilité de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles élections.

Avant même le début de la consultation, la réforme s’est avérée extrêmement impopulaire avec une grève déjà déclenchée et d’autres prévues alors que les syndicats jurent de s’y opposer à chaque étape du processus.

Le Budget 2023

Comme d’habitude à l’automne, le ministre des Finances a produit un budget pour l’année à venir – normalement, ceux-ci sont débattus au parlement en septembre ou octobre et les mesures entrent en vigueur en janvier.

Le détail: L’objectif principal du budget est de protéger les ménages et l’économie française de l’inflation et de la crise du coût de la vie, en prolongeant des mesures telles que le plafonnement des prix de l’énergie et en augmentant les salaires des employés du secteur public.

Pour financer le paquet, le gouvernement français espère emprunter un montant record de 270 milliards d’euros. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a expliqué lors d’une conférence de presse qu'”il y a beaucoup de dépenses à cause du gaz”, le qualifiant de “budget protecteur à une époque de grandes incertitudes”.

Il est important de noter que les chiffres du budget ne s’additionnent que si la réforme des retraites est adoptée comme le gouvernement l’entend.

Statut: Le budget sera débattu au parlement à partir du 10 octobre.

Le parti de centre droit, Les Républicains (LR) a déjà exprimé sa désapprobation du budget et indiqué que ses députés n’ont pas l’intention de voter pour lui. Si LR s’abstient de voter, alors la majorité présidentielle devrait pouvoir faire passer le budget à la majorité simple.

Cependant, si le LR vote contre le budget, cela pourrait alors contraindre le gouvernement à utiliser l’article 49.3.

D’autres groupes d’opposition, comme la coalition de gauche Nupes et le Rassemblement national de Marine Le Pen, feront pression sur la majorité de Macron pour inclure une taxe sur le «super-profits» (bénéfices exceptionnels) des grandes entreprises qui ont profité de la crise énergétique et de la pandémie.

Autres sujets

Les législateurs examineront probablement également le sujet de l’avortement cet automne. Les membres de la coalition du président Macron, ainsi que ceux de l’alliance de gauche Nupes, ont appelé à l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution française – après que la Cour suprême des États-Unis a supprimé le droit à l’avortement aux États-Unis. .

Le parti vert prévoit de déposer un projet de loi pour faire de l’avortement un droit constitutionnel le 19 octobre.

La guerre en Ukraine sera également à l’ordre du jour, notamment la question des sanctions.

Les débats ont débuté le 3 octobre et ont été marqués par des désaccords entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national d’extrême droite, dont les députés ont critiqué “l’impact contre-productif des sanctions” sur la crise du coût de la vie en France. Pendant ce temps, le Premier ministre a fait référence à des plans d’aide aux ménages français qui ont accueilli des réfugiés ukrainiens, ainsi qu’à son soutien continu aux sanctions contre la Russie.